Night Call par trevorReznik
Je dois être un vieux blasé. J’ai pas trouvé que la dénonciation du système que le réalisateur nous montre était si forte et si originale que ça. Car Nightcrawler enfonce certaines portes ouvertes et nous parle de sujets que le cinéma a déjà largement traité ces dernières années : le management creux, la soif de pouvoir, le cynisme sans limite, la vulgarité revendiquée, l’amoralité des médias, le voyeurisme du public… Pas forcément des plus originaux, les thèmes brassés sont nombreux mais ça serait mentir que de ne pas reconnaitre qu’ils sont traités efficacement et que le résultat est terrifiant.
Et cette réussite tient plus, selon moi, à son personnage principal qu’au scénario : car Lou Bloom, c’est un peu ce que Travis Bickle est à De Niro ou ce que le colonel Kurtz est à Marlon Brando… Le genre de rôle en or qui, si l’acteur se montre à la hauteur, peur faire date dans sa filmographie. Et la prestation de Jake Gyllenhaal est, c’est peu de le dire, sacrément intense : la manière dont il interprète Lou Bloom le rend flippant dès les premières images et va crescendo tout au long du film. C’est un putain de psychopathe qu’on a vraiment pas envie de croiser sur son chemin.
On ajoute à ça une mise en scène bien nerveuse (on a le droit à des courses poursuites pied au plancher très impressionnantes) et on obtient un thriller noir et féroce qui décrit habilement une figure du mal bien contemporaine. Du bon boulot en somme, qui a de grandes chances d'élever Nightcrawler au rang de film culte pour pas mal de cinéphiles.