Night Call a transformé Jake Gyllenhaal. Il l’a rendu malade. Fou. Oui alors, on parle pas du morceau Nightcall de Kavinski, que tout le monde a connu avec Drive. Non, ici on parle du premier film de Dan Gilroy, le frère de Tony Gilroy (scénariste de la trilogie Jason Bourne dans la peau).

Clairement, on ne reprochera pas énormément de choses à ce long-métrage. Mais ces peu de choses sont plutôt importantes. Comme par exemple cette fin, trop poussive, voir déplacé – alors qu’inversement, on aurait aimé que tout ça aille beaucoup plus loin. Ou bien certaines scènes un peu mollassonnes, qui manque un chouïa de peps pour qu’on puisse se sentir plus impliqué. Mais aussi et surtout pour son sujet, pas vraiment original, où les médias ont une fois de plus les rôles de vautours affamés de sujets toujours plus chocs.

Malgré ça, n’enlevons pas l’impression général qu’on s’est fait de Nigh Call. Après tout, quand on y repense, ça nous a bien plu. Mais avant tout, de quoi ça s’agit en fait ce film ?

Et ben ça raconte comment Lou Bloom, un chômeur qui semble totalement paumé mais déterminé à trouver du boulot, a une révélation la nuit où il voit débarquer une équipe de cameraman pour filmer sans scrupule le résultat d’un accident de voiture – les secours qui sortent le corps du véhicule, les flammes, la victime – et revendre ces images aux journaux télévisés à prix d’or. Bloom, toujours aussi paumé, sent qu’il tient quelque chose de grand. Quelque chose qui va changer sa vie. Il se met alors à acheter une caméra toute simple, et arpente les rues à la recherche du scoop qui choque. Ses débuts sont prometteurs, et peu à peu, le vrai visage de Bloom se révèle : cruel, obsessionnel, vénal, et pas si paumé que ça en fait.

Et c’est par le brillant Jake Gyllenhaal que toutes ces émotions sont retranscrites. Majestueusement macabre, terriblement sournois, l’acteur livre une performance où, d’un plan à un autre, il peut être tout aussi bien charmeur (en faisant du gringue à la trop rare Rene Russo) qu’inquiétant (une séduction qui tombe vite dans le chantage). Sa logique implacable met mal à l’aise son entourage, et c’est surtout son équipier Rick (Riz Ahmed) qui va en faire les frais.

Toutes les nuits, les deux hommes vont évoluer dans un univers poisseux, sinistre, et le réalisateur va doucement mais sûrement appuyer là où ça fait mal. Jusqu’où peut-on aller pour l’argent ? Pour la célébrité ? Cette course pour le sensationnel atteint ses limites très vite, mais Lou Bloom va les transpercer sans scrupule. Et le personnage de Rick servira de point d’ancrage à la réalité, montrant sans détour que Bloom s’engage dans un chemin très macabre. Bouger le corps d’un homme mort afin d’avoir le bon cadre, menacer la patronne de la chaîne locale pour arriver à ses fins, traiter son acolyte d’une façon odieuse car il a une vision trop simpliste, rien n’est trop fort pour Bloom. Rien n’est trop morbide.

L’ambiance sonore, dont le score est signé James Newton Howard, accompagne admirablement cette sensation de voyeurisme, où le spectateur assiste impuissant à la déchéance de l’homme, et rappel – en bien – certains moments de Drive ou Collateral.

POUR LES FLEMMARDS : Bon thriller malsain, porté par un énorme Jake Gyllenhaal morbide, mais pas foncièrement original par son sujet, ni par sa fin, trop poussive.
Djack-le-Flemmard
7

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Créée

le 15 déc. 2014

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