Si la surcouche marketing essayant de nous vendre "Nightcrawler" comme un erzatz de "Drive" - notamment sur le marché français avec son changement de titre fallacieux - n'a pas trompé grand monde, j'ai cependant trouvé un gros point commun entre ces deux films. Non, pas les paysages urbains nocturnes et une piste sonore faisant la part belle aux vrombissements de moteurs. Plutôt un scénario étiré à l'extrême qui du coup prête son flanc à de nombreuses longueurs. Ici une grosse longueur d'une bonne heure bien tassée.
Si découvrir le personnage interprété par le génial Jake Gyllenhaal - dont la sociopathie se dévoile au fur et à mesure - est un fil rouge prenant, l'apprentissage de son métier, vidéaste traquant les faits divers sanglants de Los Angeles, via de longues scènes redondantes, occupe une bonne grosse moitié du film, garnissant un grassouillet ventre mou au beau milieu de la bobine. A mon sens, expurgé d'une demi-heure, "Nightcrawler" aurait gagné en tension, en nervosité.
"Nightcrawler" reste cependant très plaisant à voir. Son amoralité décapante, ses personnages sordides, son cynisme général sonnent juste. Visuellement accrocheur, quoique la réalisation caméra à l'épaule tremblotante est suremployée à mon goût, il se regarde comme une glauque escapade un brin longuette mais jamais ennuyeuse.