C'est en 1977 que sort sur les écrans italiens Nico L'Arnaqueur (Squadra Antitruffa) troisième volet des aventures de Nico Giraldi, le flic le plus grossier d'Italie selon lui même. Après deux premiers films presque identiques ce troisième opus s'inscrit certes dans la continuité des précédents mais en offrant suffisamment de toutes petites nouveautés pour se démarquer enfin de la simple redites.


Après les voleurs et les cambrioleurs l'inspecteur Giraldi s'attaque cette fois ci aux petits arnaqueurs (Le film est à ce titre un sacré catalogue d'arnaques plus ou moins réalistes) mais une fois encore il va devoir viser plus haut lorsque les témoins d'une arnaque à l'assurance passent de vies à trépas les uns après les autres. Pour l'occasion l'impétueux inspecteur doit faire équipe avec un flegmatique détective britannique.


On ne va se cacher derrière quelques évidences, ce troisième volet, même si il offre quelques nouveautés s'appuie encore et toujours sur un même ressort assez mécanique et une structure immuable avec une chasse à des petits truands qui débouche sur la traque d'un criminel plus important lorsque les petits voyous commencent à se faire descendre les uns après les autres. Tout comme dans Un Flic Très Spécial l'enquête se terminera une nouvelle fois aux USA avec cette fois ci San Francisco comme cadre à la place de New-York. Quant à la traditionnel petite histoire sentimentale pour mettre en valeur ce séducteur latino de Nico, elle est ici tellement insignifiante et au second plan que la pauvre comédienne Anna Cardini se retrouve presque cantonnée à faire de la figuration. On notera toutefois que les scénaristes Mario Amendola et Bruno Corbucci (déjà impliqués sur les deux premiers films) proposent cette fois une histoire d'arnaque à l'assurance internationale un peu plus complexe à appréhender que les intrigues policières minimalistes des deux premiers films. Un peu plus équilibré entre intrigue et scènes d'actions, le film semble mettre un léger bémol sur les séquences de bastons et les poursuites à répétitions même si elles restent encore et fort heureusement assez nombreuses. Nico troque sa moto de cross pour la voiture et se lance dans des poursuites improbables avec souvent des petites voitures de ville contre des Porsches ou des Mustangs le tout émaillés d'accidents et de carambolages dans l'esprit humoristique des cascades à la Remy Julienne. La poursuite finale dans les rues de San Francisco sans être très spectaculaire est plutôt bien foutu ce qui n'est pas toujours le cas de la mise en scène parfois très paresseuse de Bruno Corbucci au point de laisser à l'écran des faux raccords assez honteux comme lorsque un type bascule d'un pont en se faisant tuer puis se retrouve à nouveau sur le pont le plan d'après. Autre temps, autre époque le film pourra aussi agacer certain(e)s sur sa représentation et description de l'homosexualité. Vous imaginez bien que lorsque l'on envoie cette grande gueule machiste, viril et cynique de Nico Giraldi enquêter dans un bar gay avec toute la délicatesse de la comédie populaire italienne de l'époque ça fait forcément du grabuge avec des dialogues fleuris comme : "Tu veux que je m'occupe de ton pot d'échappement" - "Ton cul te sert aussi à chier ?"  - "Fout toi ton serpent dans le cul" ou "Je suis de la brigade anti pédés" … la grande classe quoi !! En même temps l'humour ne vole jamais bien haut et ne décolle que très rarement au dessus de la ceinture comme le prouve notamment notre rencontre avec un personnage surnommé La Brise du fait de ses flatulences régulières. Un personnage interprété par un certain Bombolo et qui prendra de plus en plus d'importance dans les futurs épisodes de la saga.


La bonne petite idée du film est sans aucun doute de coller à l'impétueux Nico Giraldi un associé qui est presque son opposé en tous points. Le détective Robert Clayton interprété par David Hemmings (Blow upLes Frissons de l'Angoisse Harlequin) est un enquêteur posé au flegme très britannique, avec une petite moustache parfaitement taillé et des costards toujours impeccables, enfin sauf lorsqu'il se chie dessus après une course poursuite trop mouvementée. Il y-avait en tout cas matière à comédie dans toute cette opposition entre le feu et la glace, la classe et la crasse, l'impétuosité et la mesure mais Nico L'Arnaqueur n'est pas pleinement convaincant dans cette mécanique pourtant potentiellement explosive. Quand bien même leurs scènes communes fonctionnent bien, on ne sent pas non plus une grande alchimie de comédie entre Tomas Milian et David Hemmings et encore moins un plaisir évident de se confronter tout en se donnant la réplique. Impossible de savoir si les deux acteurs se sont parfaitement entendus sur le tournage mais leur rencontre n'offre pas les étincelles promises. En tout cas Nico Giraldi semble lui trouver doucement son rythme de croisière et son look définitif avec une côte de travail bleu en guise d'uniforme, une casquette ou un bob sur la tête et des yeux maquillés et surlignés de noir.


Nico L'Arnaqueur, dans la droite lignée des précédents films, reste un pur divertissement de cinéma de quartiers, certes assez moyen mais toujours plaisant à regarder.

freddyK
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le 9 mars 2023

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le 9 mars 2023

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