New York Melody, c’est une visite guidée de la ville de New York par le biais de la production d’un album. Le personnage principal de cette petite bluette est la musique, symbolisée par cette solidarité DIY où l’authenticité du vécu et de l’atmosphère d’une ville valent bien toutes les candeurs d’un studio placardisé et d’une célébrité passagère. C’est aussi paradoxalement une volonté d’honorer aussi la ville de New York, tous ses vestiges, tous ses recoins, une ville où tout est possible même le pire. Ne vous détrompez pas, vous êtes bien dans un feel good movie avec ses habituels bons sentiments et problèmes de conscience où tout le monde a le droit à une deuxième chance. Ici, quand on écoute de la musique, on ne le fait pas qu’à moitié, c’est limite si des petits oisillons venus du ciel ne vont pas vous pousser la chansonnette.

Mais pourquoi se priver de ces tous petits plaisirs ? Pourtant, le message du long métrage, avec cette représentation de la méchante industrie qui consomme le talent vers le bas, qui inhibe la création est un peu surfaite et facile, mais John Carney ne se repose pas sur une simple dénonciation factice d’un système vrai-semblant. Même si New York Melody n’évite pas les écueils narratifs en tant que tout bon feel good movie, avec sa légèreté cousue de fil blanc, ses clichés sur la jeunesse et le monde de la musique (le rappeur noir), tout en saupoudrant son histoire d’amourette un peu guimauve, le pari est allégrement réussi, avec ses deux personnages attachants et sa symbiose totale, cette proportion à ne jamais se détacher de ce qui est réellement important : le lien musical.

Un père et une fille qui renoue le lien à travers un solo saturé de guitare, un couple qui se quitte en écoutant l’aveu d’impuissance d’une chanson, une rencontre fortuite faite d’alcool et d’arrangements musicaux imaginés, c’est aussi ça New York Melody. Entre un producteur alcoolique s’emmerdant aux écoutes de toutes les merdes qu’on lui propose et une chanteuse larguée comme une chaussette par son boy-friend devenu star (interprété par le chanteur des Maroon 5), New York Melody s’avère beaucoup plus humble dans ses intentions, plus fin dans sa construction, plus original dans sa dévotion, avec des personnages qui laissés sur le bas-côté de la route par le système, voient alors en la musique une possibilité de s’affranchir.

Derrière sa bande son pop/folk sublimement aiguillée par la douce voix de Keira Knightley et sa mise en scène feutrée, John Carney voit la musique comme un vecteur de sentiments, un catalyseur de liens sociaux, où la musique fait avancer les mœurs, nous permet de communiquer, de nous évader et de s’inventer une histoire autour de choses anodines. Un riff, une note, une sonorité discordante en dit plus sur une personne que tout autre chose. Oui, New York Melody n’a qu’une simple ambition, celle de lier les gens par la musique et non pas par la pensée, de faire ressentir tout cet amour de la musique. Au lieu de marcher le long des trottoirs en se parlant ou en se regardant droit dans les yeux, on prend un MP3, et on vit l’instant présent à travers les mélodies de singles cultes ou de plaisirs coupables mémorables.
Velvetman
7
Écrit par

Créée

le 1 déc. 2014

Critique lue 953 fois

16 j'aime

Velvetman

Écrit par

Critique lue 953 fois

16

D'autres avis sur New York Melody

New York Melody
VaultBoy
8

Attention, ce film donne furieusement envie de se (re)mettre à la musique...

Ne vous laissez pas décourager par le titre français tout naze et l’affiche “rom com” peu engageante de ce New York Melody. En vrai, il s’agit d’une excellente comédie dramatique qui transpire...

le 28 juil. 2014

40 j'aime

6

New York Melody
Epice
7

La Melody du bonheur

L’été est la saison de l’année la plus propice aux blockbusters, ce qui ne me déplaît pas. Mais quoi de mieux qu’une douce comédie dramatique pour faire un break au milieu de tous ces robots...

le 7 août 2014

32 j'aime

7

New York Melody
Velvetman
7

New York Melody

New York Melody, c’est une visite guidée de la ville de New York par le biais de la production d’un album. Le personnage principal de cette petite bluette est la musique, symbolisée par cette...

le 1 déc. 2014

16 j'aime

Du même critique

The Neon Demon
Velvetman
8

Cannibal beauty

Un film. Deux notions. La beauté et la mort. Avec Nicolas Winding Refn et The Neon Demon, la consonance cinématographique est révélatrice d’une emphase parfaite entre un auteur et son art. Qui de...

le 23 mai 2016

276 j'aime

13

Premier Contact
Velvetman
8

Le lexique du temps

Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un passage obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...

le 10 déc. 2016

260 j'aime

19

Star Wars - Le Réveil de la Force
Velvetman
5

La nostalgie des étoiles

Le marasme est là, le nouveau Star Wars vient de prendre place dans nos salles obscures, tel un Destroyer qui viendrait affaiblir l’éclat d’une planète. Les sabres, les X Wing, les pouvoirs, la...

le 20 déc. 2015

208 j'aime

21