Nevada par Christine Deschamps

On sait où l'on va dès le départ, mais ça ne gêne pas. Si l'histoire est classique, filmée classiquement, avec des enjeux classiques et des personnages qui n'ont rien non plus de très original, le charme opère quand même, grâce aux interprètes, humains et équins, qui prêtent leurs yeux humides à toutes les interprétations. Et puis il y a les vastitudes du Nevada, en contrepoint de la claustrophobie carcérale. Et les tentations typiques des univers masculins qui tournent en vase clos : violence, méfiance, camaraderie, mutisme, forfanterie... autant de thèmes classiques une fois encore qui proposent un cadre connu presque rassurant dans leur brutalité. On sait d'entrée à quoi s'attendre de la part d'un gros dur qui cache ses sentiments et accepte finalement de fendre l'armure. Le problème des menaces exercées sur sa fille est vite évacué et il reste une sorte d'histoire de rédemption a minima, grâce à sa complicité durement acquise avec un mustang. L'amitié finalement offerte par l'animal est un baume dont on ferait bien de se souvenir au quotidien, au moment où l'on balance des pépites de plastique dans les habitats d'espèces qui auraient beaucoup à nous apprendre, si nous apprenions à parler (leur langue). Bref, un réquisitoire assez poétique contre notre imbécillité, qui laisse la porte ouverte à un dénouement gagnant/gagnant qui sort un peu des sentiers battus, puisque l'être humain de l'histoire gagne sa liberté en la perdant, d'une certaine façon.