
Belle aventure que celle de l'actrice française Laure de Clermont-Tonnerre qui réalise son rêve américain, avec son premier long-métrage, Nevada, parrainé par M. Robert Redford, pas moins. Il est vrai que cette histoire entre un homme et un cheval, sauvages tous les deux, avait tous les arguments pour lui plaire. Associer le film carcéral, dont quelques clichés sont d'ailleurs bien présents, et les grands espaces (parler de western est un peu exagéré) est la bonne idée de Nevada qui regorge de somptueuses images de vastes étendues et de cieux immenses. Mais le film est avant tout le récit d'une auto-rédemption facilitée par le contact d'un animal, l'équithérapie, puisque tel est son nom, de plus en plus pratiquée avec bonheur et pas seulement en prison. Ce remède de cheval entre le patient/prisonnier et l'équidé donne lieu aux meilleures scènes du film, entre violence et douceur, permettant d'entrer dans la peau du personnage principal bien mieux que par les deux intrigues parallèles nettement moins subtiles et d'une certaine manière superfétatoires. Matthias Schoenaerts, qui n'est jamais meilleur que dans des rôles mutiques, est assez impressionnant de massivité fragile et ce, bien qu'on l'ait déjà vu jouer des personnages similaires. Fondé sur des expériences réelles se déroulant encore dans certains établissements pénitentiaires américains, Nevada marque son territoire en insufflant une bonne dose de romanesque dans un cadre documentaire. Ce n'est pas si facile à faire (voir le moins réussi The Rider) et montre que Laure de Clermont-Tonnerre en a sous le sabot. Une réalisatrice à suivre.