Oliver Stone n'a jamais été cinéaste à faire dans la subtilité, c'est un fait avéré. Le bonhomme défonce des portes déjà entrouvertes avec la subtilité d'un troll des cavernes, écrasant l'innocent portier au passage. Pourtant, je préfère mille fois cet Oliver là que celui d'aujourd'hui, celui qui baisse son froc en nous pondant des atrocités telles que "World Trade Center" ou "Wall Street 2". Pour mon plus grand plaisir, "Né un quatre juillet", derrière sa nature de film à Oscars, fait partie de la première catégorie.

Tiré de l'autobiographie de Ron Kovic, "Né un quatre juillet" permet à Oliver Stone de continuer son exploration du conflit au Vietnam, trois ans après son monumental "Platoon" et quatre ans avant "Entre ciel et terre". Un film plus accessible que le précédent, produit par un gros studio et conçu pour récolter un maximum de statuettes. Un boulot que fait admirablement Stone, épousant totalement le point de vue de Kovic, rôle casse-gueule judicieusement attribué à un Tom Cruise en pleine gloire grâce aux succès de "Top gun" et "Rain man", et qui prouve ici qu'il est un très grand acteur quand il met son ego de côté et qu'il accepte d'être dirigé.

Comme à son habitude, Oliver Stone ne prend pas de gants et c'est tant mieux, enfantant un film de studio énervé et schizophrène, censé faire pleurer dans les chaumières mais tapant surtout là où ça fait mal, en plein coeur d'une Amérique de carte postale, dénaturant le patriotisme à des fins politiques, conditionnant ses enfants à devenir de bons soldats chrétiens aptes à se faire démolir au nom de la sacrosainte american way of life. Un discours sacrément hypocrite de la part d'un gouvernement combattant toute forme d'endoctrinement religieux que pointe Stone de son doigt puissant, sans pour autant oublier de laisser transparaître l'émotion nécessaire à ce type de récit édifiant.

Un chemin de croix passionnant, parfaitement incarné par un casting prestigieux, renvoyant à son pays son regard condescendant et gêné à l'encontre de combattants qu'il ne veux plus soutenir, qu'il souhaiterait oublier car lui rappelant une vulnérabilité qu'il préfère ignorer.

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le 6 juil. 2013

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Gand-Alf

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