Méprise

Trois gamins dont l'un est enlevé devant les autres et disparait quatre jours,
Trois adultes marqués par cette histoire et incapables d'en parler,
Un petit chef qui fait régner sa loi et paie une pension aux familles de ses victimes,
Un introverti qui se venge des sévices subis,
Une femme perdue qui n'a plus confiance en son mari et s'épanche là où elle ne devrait pas,
Une fille qui aime un garçon réprouvé par son père,
Des gamins désoeuvrés,
Un flic qui comprend trop bien chaque personnage,
Un meurtre...

Tout cela constitue la trame diffuse et compliquée de l'intrigue. On craint la dispersion. Mais Clint Eastwood est aux commandes et sait où il va. En approfondissant les personnages, chaque élément prend sa place et converge vers le dénouement inéluctable et tragique.
Deux des protagonistes se substituent à la loi et exercent leur vengeance. L'un sera la victime de l'autre. Tous deux ont tort.

Eastwood dénonce la tentation de se faire justice soi-même, mais en même temps pardonne à ses personnages car ce film est avant tout une grande leçon d'humanisme et qui peut dire ce qu'il aurait fait à leur place. Nous, spectateurs, les comprenons car nous pouvons nous identifier à chacun dans sa propre démarche grâce à trois acteurs habités.

Parmi les détracteurs d'Eastwood, il y a ceux qui font des raisonnements simplistes et rapides: Eastwood est républicain => Eastwood est facho => ses films sont nuls. Il y a aussi ceux qui lui reprochent de chercher à faire pleurer Margot. A tous, je recommande de regarder ce film qui a la force d'une tragédie antique.