L'animation peut offrir à différents type de film une dimension supplémentaire qui permet de raconter de nouvelles choses. Cependant il faut éviter que cela soit un gadget qui cache un film boiteux et peu intéressant à l'absence d'un peu de créativité apportés via la forme. Enfin, il faut éviter le propos trop obscur et le thème trop pointu pour un néophyte. Du coup c'est avec un peu d'appréhension que je suis allé voir My Favorite War, le lauréat du prix Contrechamp au festival d'Annecy 2020, qui nous parle des évolutions sociaux politiques de la Lettonie entre les années 70 jusqu'à la chute de l'URSS. Et verdict: C'est plutôt une bonne surprise.

Le sujet même peu rebuter et laisser des gens sur le carreau, et je le comprends. Cependant le film évite le discours trop pointu en recentrant son histoire et sa documentation autour de la réalisatrice, et ce qu'elle a pu vivre dans sa jeunesse. En intégrant un regard interne au récit, la réalisatrice apporte beaucoup d'émotions, d'humanité, et de sincérités qui capte une forme d'universalité qui fait que, même si le film part en détaille sur le régime totalitaire en place en Lettonie, on ne sera même pas tant perturber par le name-dropping ou les éléments purement documentaire. Le film devient alors plus un film biopic faisant appelle à une documentation rigoureuse qu'un film documentaire à proprement parlé. Dans cette hybridité, le film va alors faire appelle à l'animation pour illustrer cette jeunesse et la fantaisie qui l'accompagne. Mélangeant la physicalité de l'animation de marionette avec la technique d'animation 2D, les moments dans l'enfance de la réalisatrice sont tout bonnement époustouflant tant l'animation, serte parfois trop essentialiste par instant, est extrêmement bien faite. On aime déambuler dans cet univers qu'on dirait fait de carton pâte, de bout de ficelle et de collage tant le tout est très propre et d'une beauté mignonne tout en minimalisme. On se retrouve alors devant un produit à part, un voyage dans l'histoire et dans les souvenirs qui est tout à fait plaisant et qu'on ne regrette pas. Malgré tout, j'ai un énorme soucis par rapport au long métrage, de par sa forme hybride.

Le film fait le voyage entre la documentation et les souvenirs de la réalisatrices qui se retrouvent illustré en animation. Cependant, malgré que la forme documentaire et la forme animé fonctionnent tout deux dans le long métrage, ils arrivent assez difficilement à créer un lien. On ressent une nécessité de privilégier le documentaire avant tout. Les souvenirs de la réalisatrice sont le plus souvent utilisé en tant que point de vue intérieur des événements politiques de la Lettonie, et on préfère traiter de manière plutôt vague la vie personnel de la réalisatrice, voire trop même parfois. A vouloir aller à ce point dans le documentaire, le film oublie presque sa forme animé qui devient un moyen plus qu'un réelle fin. L'animation, qui représente l'humanité et qui nous fait accrocher au récit, devient secondaire et est presque délaissé pour privilégier une forme documentaire. On le voit notamment dans des séquences d'animations qui s'interrompent pour interviewé une personnalité proche de la réalisatrice, ou encore pour avoir une séquence où l'on voit la réalisatrice dans son cadre strictement privé en train de nettoyer une tombe alors qu'on aurait pu éviter ce genre de scène qui n'apporte rien à l'instant T. Si la vie même de la réalisatrice et l'histoire de la Lettonie nous captive, on sent qu'il est difficile pour la réalisatrice de coupler les deux, ne sachant parfois pas quoi raconter ni comment dans un film qui, au final, est très intéressant dans sa proposition, mais n'arrive pas réellement au bout des choses, privilégiant la "facilité" et la documentation, par rapport à un travail de mise en scène et de traitement de la documentation qui aurait, sans doute, apporté l’harmonie à l'ensemble qui aurait fait de ce film un très grand film.

11,75/20

N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 5 juin 2022

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Youdidi

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