Qu'est-ce que l'émotion ? Qu'est-ce que le beau ? Les réponses sont nombreuses mais rarement univoques. Ce film pourrait en être une.
Il est beau, par sa mise en scène, foisonnante d'idées et de créativité, et par ce qu'il raconte. Il touche dans sa manière de raconter ces différentes vies qui émeuvent plus ou moins le/la spectateur.ice en fonction de son parcours et sa propre subjectivité.
La couche de complexité et les multiples points de vues troublent, mais jamais au point de perdre de perdre le fil directeur du récit parmi les récits. Les musiques sont choisies avec soin, l'emphase et l'excès de lyrisme ne sont pas nécessaires, les récits suffisent à bouleverser sans besoin de rajouter des notes grandiloquentes ou des scènes poussant la larmichette à grands renforts de dialogues surfaits.
Rien n'est jamais parfaitement évident, mais tout est toujours suggéré : la difficulté des choix familiaux, des conséquences sur les enfants et sur leurs vies amoureuses et professionnelles.
Une grande place y est faite pour le sentiment amoureux sans verser dans un sentimentalisme de mauvais goût. Comme quoi il est possible de parler allègrement d'amour dans un film sans en faire une comédie romantique surjouée et au scénario pauvre.
Il n'y a rien de forcément novateur dans le récit de ce film. Peu de gens y découvriront ici la thèse de l'effet papillon. Pourtant, J. Van Dormael a réussi une chose fabuleuse : parler de la vie et des innombrables possibilités qu'elles nous offrent, en alliant la banalité d'émotions connues par toutes et tous, aux singularités ambivalentes de chaque vie vécue, en donnant tout de même une importance particulière à celle dont l'émancipation en est le terreau.
8.5/10