Les Ruines circulaires d'un Jardin aux sentiers qui bifurquent

Cinq baccarat
Quand je mets cette note, ça na vaut pas 5: ça vaut à la fois 0 et 10.
C'est la note parfaite pour ce film.


Entendons-nous.
Mother !, dernier né de Darren Aronovsky, est une oeuvre étrange, symptomatique du cinéma actuel: elle privilégie une lecture symbolique, méta, d'un degré d'interprétation approfondi à une lecture naïve. Ce qui amène beaucoup de spectateurs à ne plus faire de pacte avec le réalisateur, à rester bloqué de leur côté du 4e mur.
Mother!, c'est aussi et avant tout un Aronovsky, dans la droite lignée d'un Requiem for a dream, d'un Black Swann, d'un The Fountain ou d'un Noé: c'est mystique, biblique et dérangeant. Et Javier Bardem excelle dans ce genre aussi, se faisant la vedette idéale à l'instar de Jared Leto ou Vincent Cassel avant lui.


J'évaluerai donc le film en fonction de ses différentes et nombreuses pistes narratives.
Car s'il est une vérité, c'est que ce film est riche, trop riche, trop signifiant et devient obscur ou trop balisé sur certaines pistes, trop plein d'une volonté de heurter, de ramener au caractère primaire des étiologies sacrées qui semble de la violence gratuite.


Que comprendre dans ce film ?


1) La lecture naïve: un "Home invasion psychédélique (2,5/10)


Une femme voit son mari accepter des invités toujours plus envahissants et toujours plus inquiétants.
De prime abord, Mother ! semble un film d'Home invasion classique entre Ils, Projet X, The Strangers ou Funy Games US. Quelques jumpscares à peine assumés et très rares.
Ce serait oublier le cadre du film, son jardin, sa lumière, d'une part et son titre très évocateur, d'autre part.
Car si l'on souhaite continuer à voir le film sous cet angle premier et simpliste, on perd vite pied devant ce qui semble confiner à la folie et au psychédélisme tribal et anthropophage. Le film perd tout son sens et apparaît opaque, impénétrable, bien ouvert mais parti dans le décor.
Le problème, c'est qu'Aronovsky fait assez vite comprendre, dans la vitesse à laquelle s'enchaînent les événements comme le coït et la grossesse, l'arrivée des divers invités, qu'il n'a en aucun cas cure de cette surface prétexte de son intrigue.
Vous qui pensiez voir un film d'Home invasion, perdez tout espoir !


2) Le chemin battu: une réécriture biblique intéressante mais un chouya indigeste (7/10)


Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ...


J'ai toujours rêvé d'écrire un récit inspiré de la Bible. D'ailleurs, j'en rêve toujours.
Darren Aronovsky l'a fait et laisse tant de miettes de pain derrière lui que cela peut couper l'appétit de plus d'un. Subtil au début, avec un plan sur le doigt du créateur qui chasse de son atelier d'écriture puis une scène qui le montre murant la pièce en disant "Jamais plus ils n'y entreront !" - belle allusion à la Genèse ! - le film va se faire toujours plus explicite à en être vomitif: Les guerres de religion, les icônes sur le mur, les barbelés de la Shoah, les victimes tuées à bout portant un sac sur la tête dignes de celles de DAESH, les "My goddess ! " répétés à l'envi par Javier Bardem ... comment ne pas deviner cette piste narrative après tant d'indices ?
Le chemin est battu et pourtant Aronovsksy défriche des chemins tabous. Son approche symbolique des guerres de religion, sa représentation imagée et en même temps si réaliste des fondamentalistes de tous les poils, tout cela est extrêmement osé dans un monde où la moindre allusion au fait religieux met le feu aux poudre.
Au commencement est une maison au beau milieu d'un jardin immense: le Paradis !
Dans ce Paradis, le poète prend son stylo et esquisse un début de phrase: arrive sur cet acte un homme auquel manque une cote au flanc: c'est Dieu qui crée Adam et lui enlève la chair nécessaire à créer Eve.
Eve qui arrive bientôt en la personne de la femme du premier visiteur. Cette femme aime transgresser les règles du poète et n'hésite pas à investir le bureau du créateur et à pousser son mari à prendre la pierre précieuse à ne pas toucher. Les deux époux brisent le bijou de l'artiste qui, excédé les chasse de son bureau, qu'il mure aussitôt derrière eux. Ce sont Adam et Eve qui goûtent à la pomme et se voient chasser du Paradis.
Bientôt arrivent leurs deux fils qui se disputent l'héritage. L'un des deux tue l'autre à coups d'un objet rappelant la pierre de Caïn. Caïn qui a lutté avec son frère Abel et l'a tué.
La marée en délire des endeuillés et les dégâts des eaux qu'elle produit, c'est le Déluge !
Et hop ! Une petite ellipse: on saute au Nouveau Testament!
La femme de l'artiste tombe aussitôt enceinte, dès le premier rapport sexuel, et par coïncidence, l'écrivain met un point final à son nouveau livre. Il se précipite au téléphone et l'annonce à tout le monde: Marie, mère de Dieu, est enceinte de Jésus et les anges l'annoncent au monde.
Et ce monde arrive, envahissant: certains veulent le tuer, d'autres le célébrer. Chacun à sa façon veut célébrer l'Auteur.
Finalement, la femme de l'écrivain accouche dans une pièce éloignée du monde: la crèche ! Ne manque que le boeuf et l'âne. Mais le récit se rattrape avec les dons des rois mages posés devant la porte.
C'est alors, à mon sens, le clou du spectacle: penser la relation Dieu / Marie avec un duel psychologique où l'écrivain veut livrer son fils à la foule et où la mère refuse. Puis s'enchaîne l'adaptation la plus brève et la plus baroque du récit de la vie de Jésus: Mel Gibson n'a plus qu'à aller se rhabiller !


L'enfant est emporté par la foule qui finit par le tuer et le dévorer dans un festin cannibale, une charge à la Cyrano de Bergerac contre l'eucharistie: "Ceci est mon corps livré pour vous !"
L'Auteur supplie sa femme de pardonner la foule: il est clairement devenu le Dieu de pardon du Nouveau Testament. L'amie venue voir le film avec moi n'avait pu s'empêcher de dire face à ses réactions laxistes: "Mais il est vraiment fou ce type là !" Pour moi, Aronovsky a réussi son coup en faisant dire cela de son personnage image de Dieu. Le Dieu de pardon des chrétiens à force de bonté et d'ouverture d'esprit n'est-il pas un peu fou, dépassé par des créatures qu'il ne gère plus et en un sens responsable de tous leurs débordements ? C'est dans ce passage que le réalisateur de The Fountain défriche les tabous, en posant des questions qui font très très mal et peuvent plaire comme déplaire.


Enfin, jugeant la foule coupable et indigne, la mère met le feu au gaz et provoque une explosion qui ravage la maison et son paisible jardin, mettant fin à ce petit monde , scène unique des événements du film.
C'est l'Apocalypse dans tous les sens ! Car le récit suit la Bible mais aussi le sens étymologique d'apocalypse


en révélant que cette histoire est cyclique: le monde renaît au stade virginal, se tâche de sang, brûle puis renaît, se tâche à nouveau de sang, brûle de plus belle et renaît, etc .... infiniment !


Manque évidemment la partie de l'histoire décrite dans le Coran, située entre la passion du Christ et l'Apocalypse. C'est là qu'on se rappelle que ce que j'appelle la Trilogie sacrée est un texte littéraire avec ses passages canons et son univers étendu, apocryphe. Une création d'auteur(s).


3) L'allégorie de la création artistique (10/10)


Plus complexe à sentir, les indices se faisant plus subtils, la piste narrative de l'allégorie de la création artistique - et en l'occurrence littéraire - souffre de l'hégémonie de la métaphore biblique.
Dans cette autre lecture, les signes prennent un tout autre sens.
L'auteur campé par Javier Bardem (Skyfall) n'est rien de plus qu'un auteur, cherchant une inspiration nouvelle.
Sa femme, jouée par Jennifer Lawrence (Hunger Games), est effectivement une mère, puisqu'elle incarne la Muse de l'écrivain.
La foule toujours plus envahissante représente le public auquel on soumet l'opus et l'ensemble de son oeuvre. Dans cette foule, l'éditrice fait office de garde du corps. Si elle flatte la mère, elle privilégie son auteur et l'image qu'il doit donné de lui au public.


Mais revenons au commencement ...
L'écrivain s'est retiré dans cette maison perdu en campagne. Il fait le vide. Il cherche une inspiration nouvelle après son dernier livre. Il est seul avec sa femme, sa Muse, qui peint les murs, l'aide à reconstruire sa maison brûlée dans un incendie.


Puis arrive un couple dont le mari mourant veut rencontrer son idole. Ce sont les rares fans de l'artiste qui ne fait plus sensation, dont on ne parle pas sans cesse dans les médias.
Ces fans en amènent d'autres: l'écrivain a besoin de rencontrer du monde, de subir son agitation pour créer: "il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde pour épancher ses vers, divines larmes d'or", pour citer Théophile !


Mais la Muse personnelle de l'artiste s'accorde mal avec l'inspiration d'autrui, avec l'agitation de la foule, toujours en délire, en course perpétuelle avec le temps et les contingences matérielles. Elle vit les errances de l'artiste dans le monde comme une invasion de la maison, symbole psychanalytique du fors intérieur. Un fort bien faible, un moulin où entre qui veut.
Elle exige le retrait de ce monde envahissant et demande à l'artiste de s'unir à elle et à elle seule. C'est alors la retraite, la solitude de l'écrivain qui, uni à sa Muse parvient à créer.
Il est seul avec elle, met un point final à son oeuvre nouvelle et la montre à sa Muse qui y voit une refloraison et en pleure joie.


On contacte alors à nouveau la foule des éditeurs, des lecteurs qui investissent à nouveau la maison. Naît l'enfant: le manuscrit devient un livre. Ce qui n'est pas sans rappeler le passage des Mémoires d'Outre-tombe où Chateaubriand compare son Atala à une fille qu'il aurait eu et qu'il doit laisser aller faire sa vie dans le monde.


Alors, Aronovsky cherche à nous montrer ce que nous faisons ici, sur les réseaux sociaux, dans les journaux,à la radio, dans les médias en général: la critique.
La critique de l'oeuvre vue par la Muse de l'auteur, cette partie de l'artiste plus maternelle et qui souhaite garder la main sur son oeuvre.
Le public se déchaîne: certains adorent, d'autres détestent. On en vient aux mains, éventuellement aux pouces bleus et aux pouces rouges. Le film montre combien l'oeuvre, de tous temps, mais surtout aujourd'hui, crée le débat mais aussi les passions débridées. Chaque oeuvre d'art un peu célèbre devient une bible, une religion spectatorale pour lesquelles puristes et néophytes se font la guerre. Il suffit de voir les conflits, buzz et bad buzz, autour de la féminité du Docteur Who ou l'appartenance raciale et l'orientation sexuelle de 007 ou encore les choix narratifs des Visiteurs 3 et du Réveil de la force pour s'en convaincre. Plus une oeuvre est publiée, connue et appréciée, plus tout nouvel opus devient un champ de bataille où il est déchiré en tous sens par un public fou furieux et cannibale. A l'instar des fans des Beatles qui cassaient des chaises lors des spectacles.


Voir l'oeuvre ainsi malmenée, adorée comme détruite, amène la Muse à rejeter la popularité que recherche l'artiste qui excuse les débordements du public. C'est à la fois Roman Polanski qui qualifiait son Bal des vampires d'"enfant mort-né" et Umberto Eco qui veut que le public fasse ce qu'il souhaite de son Nom de la rose, se passionnant pour les interprétations qu'il lui greffe.


Le paysage créatif de l'écrivain s'embrase sous la colère de l'artiste qui rejette son oeuvre et, dans le même temps, espère ne pas y perdre son inspiration. Dans le cadavre carbonisé de sa Muse déçue, il trouve l'envie - faible cristal, vite détruit par la morne foule ignorante - de créer à nouveau et repart sur une page blanche, dans une maison et un jardin solitaires renouvelés, nés de leurs propres cendres.


L'acte créatif selon Aronovsky est ainsi: un cycle qui commence par l'inspiration de la Muse et du monde, qui le rend gros de tout un art qu'il délivre bientôt, qu'il publie. L'oeuvre et accueillie, louée ou blâmée, détruite par l'agitation du monde. L'artiste est déçu, décide d'arrêter mais toujours recommence.
"Cette chanson d'amour qui toujours recommence" pour citer Nerval.
C'est là, à mon sens, la plus belle et la plus émouvante piste narrative du film Mother !


4) La question de la procréation (10/10)


Si le personnage de Javier Bardem est si essentiel, à la fois Dieu, à la fois écrivain centre de son univers, pourquoi ces plans qui suivent exclusivement celui de Jennifer Lawrence ? Pourquoi le titre Mother avec un point d'exclamation ? Car, on le sait, la présence des signes de ponctuation ou leur absence au théâtre comme au cinéma ne résulte que très rarement de l'arbitraire ou de l'anodin. Il en va de même pour la focalisation de la caméra, le choix des plans.
Cet appel désespéré à la mère ne vous rappelle-t-il pas des Allo Maman bobo, Si Maman si, Ô Marie, si tu savais tout le mal que l'on me fait ?


Et si Mother ! était en fait un questionnement sur le sens de la vie et de la procréation ? Si le titre était le cri d'un Aronovsky ozymandiasé qui pleure sur ses propres ruines ?
Le film se focalise sur la mère, celle qui met au monde et qui perçoit ce monde comme dangereux, envahissant, malsain, salissant, détruisant la beauté des belles choses - comme le cristal - ou des choses simples comme le jardin et la maison. Un monde qui ne respecte rien, ne croit plus en rien et s'impose à l'individu pour l'obliger à le suivre dans sa mortelle randonnée qui ne mène nulle part. La question se pose à la mère dans ses entrailles encore vierges avant qu'elle ne voit ses doutes, ses craintes et ses appréhensions se confirmer dans l'hideux spectacle du meurtre de son fils. Cette question, c'est celle du sens.
Cela a-t-il un sens de mettre au monde un enfant dans un monde que l'on sent mauvais, que l'on sait mauvais ? Et de là, la question du sens de la vie ? Pourquoi vit-on dans cette fureur, dans cette instabilité, dans ce bruit, dans cette turpitude ? To sleep, to die ... To be or not to be.


Le film d'Aronovsky dérange car il est le miroir qu'il tend à son temps: notre monde évolue entre agitation et repos, entre bruit et silence, prétendant progresser sans savoir où il se dirige. Mother ! est le cri désespéré d'un de nos contemporains, la confession d'un enfant du siècle, qui se tourne déçu et perplexe vers sa génitrice, qui demeure sans réponse.
Réponse que l'on trouve dans la peur et le sourire final de Javier Bardem: la crainte de l'infertilité, la terreur de l'extinction de la race humaine, ce besoin de survie au-delà de sa propre mort qu'Abraham Maslow place aux fondements de sa pyramide des besoins. La survie là où l'on souhaite survivre que par peur du néant.
Aronovsky réécrit la célèbre tirade d'Hamlet et associe la peur de la mort au ridicule de la tache de sang indélébile du Fantôme de Canterville.


En bref, Mother ! est un foisonnement de pistes de lecture plus désespérées les unes que les autres entre l'Home invasion déjantée, la réécriture biblique en perte de foi, la folie de l'artiste et celle de la génitrice.
C'est un récit borgesien, riche de nombreuses interprétations mais trop riche et confus pour ceux qui ne savent pas l'entendre.
Comme le dit Charles Baudelaire: " C'est le propre des oeuvres vraiment artistiques d'être une source inépuisable de suggestions". C'est en cela que Mother ! est pour moi un chef-d'oeuvre.
Cela dit, ne jamais confondre "source inépuisable de suggestions" et "bleu fouillis des claires étoiles". La plus grande qualité du film est aussi son principal défaut. Ses nombreuses pistes narratives vivent au détriment de son récit naïf de surface et décevra irrémédiablement les spectateurs venus voir ce récit vitrine.
Mother ! c'est un peu Le Ciel lui tombe sur la tête d'Aronovsky: c'est un film d'une intelligence rare mais c'est un film qui se met à dos les foules qui l'interpréteront comme un navet obscur , un "aboli bibelot d'inanité" visuelle.


Ma note SC: 5 baccarat
Ce qui équivaut à 0 et 10 à la fois.

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le 23 sept. 2017

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Frenhofer

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