Ce film est un véritable coup de coeur !
Même si je n'ai pas eu le sentiment de regarder quelque chose de fondamentalement nouveau, c'est une sacrée bouffée d'air frais dans le genre horrifique. Le cinéaste Tomas Alfredson nous conte une histoire de vampire atypique à travers le regard d'enfants. Je dis atypique parce que d'une part, il s'approprie quelques codes du genre et du mythe du vampire, et d'autre part, il les rejette en s'éloignant de toute considération fantastique, afin de livrer quelque chose d'intimiste et de poignant.
Pendant tout le film, on suit cette relation ambiguë entre Oskar et Eli. L'un est martyrisé par ses camarades en raison de sa différence et qui, par conséquent, vit cloîtré dans sa solitude; et l'autre subit également cette marginalité mais pour des raisons différentes. Et évidemment, ces deux individus, s'acceptent pour ce qu'ils sont, finissent par avoir des atomes crochus et deviennent inséparables.
J'ai beaucoup aimé le traitement de cette histoire d'amour, en quelque sorte, car c'est amené avec tellement de finesse et de sobriété (peu de dialogues), qu'on s'attache forcément à ces personnages. D'ailleurs je ne sais pas où ils sont allé chercher les deux jeunes acteurs principaux, mais leur prestation est formidable, au point d'y déceler pas mal de complicités dans les regards.
Le point de vue adopté (celui de gamins donc), n'en fait aucunement une oeuvre naïve et innocente. Cette vision de l'existence parait amère, âpre et violente, loin de toute crédulité enfantine. C'est à la fois surprenant et logique.
La mise en scène est excellente, très contemplative, à base de plans fixes, et les rares scènes violentes font flipper et nouent la gorge comme c'est pas possible: le final au sein de la piscine est juste terrible.
Dommage que la scène des chats soit un peu loupée (en même temps c'est difficile à rendre sur un écran), puis j'ai trouvé que la fin arrivait de manière abrupte. Malheureusement, ces deux détails m'empêchent de hurler au chef d'oeuvre.