Diptyque vernien: De la terre à la lune

Cette fois, ça y est: James Bond va dans l'espace !
Quoi? Comment? Que dîtes-vous? L'espace, ce n'est James Bond? Moonraker, sa onzième aventure chercher à surfer sur le succès de Star Wars?
Nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde, sur le même moonlight trail. Je vous entends aussi mal que vous entendez mal ce film...


James Bond dans l'espace


Combien de critiques se hâtent à chercher les succès sur lesquels surfent les volets de la saga EON? Combien ne se tâtent pas avant pour découvrir qu'il s'agit d'allusions qui attestent d'une préférence cinématographique d'époque ? Car James Bond est ce vin filmique particulier, ce champagne Bollinger, qui nous fait goûter à tous les temps! Une envie de sixties? Voyez les ** Connery**, Lazenby! Un désir de seventies? Courez voir les Moore ! Un goût prononcé pour les eighties, Moore ou Dalton, au choix ! Pour les cuvées 90, il faut plus de courage ou de nostalgie. La cuvée Craig est peu jeune pour être savourée ou détester à sa juste valeur.
Moonraker s'inscrit dans cette logique et convie par références tant Star Wars que La Rencontre du 3e type. Ce dernier datant d'un an avant Moonraker lance la tendance Star Wars et sera rejoint par Bond et le premier Alien, Le Huitième passager.


Le onzième James Bond cumule une référence au film de Spielberg - une fois n'est pas coutume (cf. L'Espion qui m'aimait) - en donnant pour sonorité au code de sécurité d'un local du méchant celle du signal extra-terrestre de la Rencontre du 3e type, plusieurs allusions à Star Wars avec les moines quasi-jedi et les pistolets laser.
Pour autant, il est plus que fallacieux de réduire Moonraker à un simple palimpseste des films de science-fiction à succès de la fin des années 70. En effet, le rapport de Bond à l'espace et à la lune existe depuis le premier volet de la saga. Le Docteur No use de son système de basculage contre missiles et fusées. La Turquie de Bons Baisers de Russie n'est-elle pas le monde du croissant de lune? Goldfinger n'insiste-t-il pas sur la puissance du laser qu'aucun matériau ne saurait arrêter, capable d'aller jusque sur la lune? James Bond ne faisait-il pas mine de marcher sur la lune dans Les Diamants sont éternels? L'Homme au pistolet d'or ne s'associait-il pas au soleil, luminaire voisin de la lune? Et le précédent Stromberg de L'Espion qui m'aimait ne rejetait-il pas l'espace pour le monde marin? Enfin, le réalisateur Lewis Gilbert, qui achève avec Moonraker sa trilogie dite "du monorail", n'avait-il pas donner dans On ne vit que deux fois, le premier volet de cette trilogie interne, une chance d'aller dans l'espace? Il faut être Blofeld pour empêcher 007 de se rendre dans l'espace ! Ou un réalisateur frileux - craignant sans doute les froids célèbre du lieu - qui rechigne à tenir une promesse réitérée dans presque chacun des dix premiers volets. Dans le cas de Moonraker, Star Wars, plus qu'une tendance à suivre, est un déclencheur encourageant des producteurs en voie vers le réalisme bassement terre à terre de Rien que pour vos yeux de tenir avant cela leur ultime promesse. Exceptée celle bien-sûr du Manoir Bond qui ne se verra tenue que trente-trois ans plus tard avec Skyfall.


Promesse tenue donc pour un nouveau volet qui, dans la logique de son prédécesseur, L'Espion qui m'aimait, complète un diptyque vernien loin d'être désagréable et s'envole de la terre à la lune.


De la terre à la lune


Le fait le plus marquant, l'aspect le plus grandiose de ce onzième volet des aventures de James Bond, c'est ce voyage spatial à rebours partant du temps du film aux origines de l'existence.
Bien ancrée dans la civilisation, ses châteaux, ses industries, ses bureaux pleins de livres, ses centrifugeuses futuristes, l'intrigue part pour Venise et Rio, les pays du carnaval qui bouleverse les codes, les rôles, avant de plonger dans la sauvagerie des forêts d'Amazonie où les ruines de temples primitifs perdus attestent d'une nature ayant repris ses droits et de rejoindre l'espace, lieu de l'initial bing bang. C'est là que 007 rappelle le mythe de l'arche de Noé. Moonraker est par conséquent un retour aux origines de l'existence et mérite bien plus que Prométhéus le slogan: " La recherche de nos origines pourrait mener à notre fin".


Ce retour aux origines du monde, entre réalité et mythologie biblique, a pour sas les deux pays du carnaval, même si seul Rio montre ses paillettes. Un Rio tant exploré par OSS117 et autres espions et qui manquait au palmarès géographique inégalable de l'agent 007. Mais c'est bien Venise qui remporte la palme bondienne, déjà vue en fin de Bons Baisers de Russie. Elle réapparaît plus que jamais dans Moonraker, James Bond Girl d'un genre nouveau, dévoilant tous ses atouts. Enfin, Venise s'ouvre à Bond qui en explore tous les recoins jusqu'au musée Venini dont les escaliers et la cour extérieure, qui voient Bond suivre le Dr Goodhead et affronter Chang, verront aussi Bond suivre Vesper Lynd et affronter Gettler dans Casino Royale vingt-sept ans plus tard.


Ce sas que constituent Venise et Rio est un sas entre réalité et onirisme, une sorte d'apocalypse cinématographique. Elle est initiée par la Californie remodelée par Drax où l'on trouve le célèbre château français de Vaux-le-Vicomte, exporté par un méchant qui a aussi acheté la Tour Eiffel sans pouvoir l'emmener dans son domaine californien aux accents français. Cette Californie transformée est l'oeuvre affichée du méchant: nous sommes encore dans le monde réel. Mais survient à sa suite une Venise avec sa place St Marc qui donne un accès direct à la fabrique de verre de Murano, en réalité située dans l'une des îles de l'archipel de Venise et que l'on rejoint en bateau. Là, la métamorphose n'étant pas signalée, on entre de plain-pied dans le rêve. Un rêve aérien et cosmique à l'image de ce film.


Un volet aérien et cosmique


L'esthétique de Moonraker est placée sous le signe de l'air.
En témoignent par exemple les morts initiale et finale des méchants principaux pré-générique et post-générique, le pilote du jet et Hugo Drax, en épanadiplose. Chacun s'envolent dans les airs, dans l'espace, comme s'évaporant dans un élément disproportionné.


En témoignent quatre grandes scènes anthologiques de la saga: la scène pré-générique où un ballet aérien constitue une lutte pour la survie entre James Bond, le pilote du jet et le terrible Requin, de retour dans cet opus; la scène de combat entre Chang et Bond dans l'atmosphère bleutée réverbérée et tamisée par l'horloge astronomique de Venise; la scène d'affrontement au-dessus du vide, d'une cabine de téléphérique à l'autre à Rio entre Bond-Goodhead et Requin et enfin les célèbres et sublimes scènes d'apesanteur de fin de film, une grande première qui ne doit rien à Star Wars !


En témoignent surtout la musique de John Barry, cosmique à souhait, comme une musique des sphères. Pour l'accompagner, le non moins onirique générique bleu et brumeux chanté par Shirley Bassey, qui a déjà participé à trois volets de la saga - Goldfinger, Opération tonnerre (non retenu) et Les Diamants sont éternels - pour signer avec Moonraker sa dernière intervention dans l'univers bondien, mauvais choix de Quantum of solace oblige. Quand nous rendra-ton la sublime voix de Shirley Bassey qui se marie si bien avec l'univers de 007?
La chanson aux accents musicaux déjà bien oniriques associe les mots dreams et moonlight dans ce qui se présente comme le rêve d'un amour recherché se comparant au rêve mégalomaniaque de Drax.


Une musique et une chanson ô combien sublime qui participent à faire de Moonraker une essence de rêve. Un rêve bleu où volent en apesanteur et en liberté de belles silhouettes féminines.


Les filles de l'air


Des silhouettes féminine comme toujours, dira-t-on.
Mais plus nombreuses que jamais. Car Moonraker est peuplé d'une infinité de femmes dont voici les figures majeures.


La plus essentielle, c'est à n'en pas douter le Dr Holly Goodhead, jouée par la séduisante Loïs Chiles connue pour Mort sur le Nil et la série Dallas dans laquelle son personnage se nomme également Holly en référence à Moonraker. Loïs Chiles qui confirme malheureusement le vieillissement de la presque absente Loïs Maxwell qui fait réapparaître sa jeunesse au travers de Melinda Maxwell, sa fille de 22 ans, l'une des Drax girls.
Si l'on excepte le jeu de mot suggéré par le nom du personnage qui peut s'interprété sagement comme "sacrée bonne tête" et plus perversement comme "Reine de la pipe", il apparaît que Holly Goodhead s'inscrit dans l'élan féministe d'Anya Amasova XXX. Mais son féminisme appuyé permet de savoureux échanges au début du film ( tels que : - Je cherche le Docteur Goodhead / - Vous l'avez devant vous. / - Une femme? / - Vos qualités d'observation vous honorent, monsieur Bond ou - On pourrait peut-être boire un verre après, si vous n'y voyez pas d'inconvénient / - Dans l'immédiat,non. Mais j'en trouverai un!), il en vient à ridiculiser Bond en fin de film, Goodhead apparaissant plus compétente que lui et ne lui laissant à combattre que des adversaires à demi assommés, comme dans la scène d'infiltration de la salle de brouillage, par exemple. Holly Goodhead n'en reste pas moins un bon exemple, certes mal dosé, de l'ignorance des critiques incendiaires à l'encontre de l'univers de 007 qui présentent toutes les James Bond Girls comme des potiches.


Deux autres James Bond Girls viennent se joindre à l'aventure.
La première, pilote privée de Drax, s'amourache vite du bel espion. Il s'agit de Corinne Dufour campée par la délicieuse Corinne Clery, connue pour Histoire d'O. Elle confère une aura merveilleuse au film dans un rôle de Petit Chaperon rouge perdue entre deux loups incarnant le Bien et le Mal. Ces deux loups, Bond et Drax, contribueront à sa mort, symboliquement représentés par les deux chiens noirs du créateur des navettes spatiales Moonraker.
La seconde est la belle brésilienne Manuela, jouée par Emily Bolton, l'un des membres de l'équipage de Cosmos 1999, qui est malheureusement cantonnée au rôles de la demoiselle en détresse, gorge offerte au vampire au crocs d'acier. Dommage quand elle entrait en scène prenant les devants et surprenant Bond. Célèbre pour la série de science-fiction déjà nommée, elle permet d'insister sur la thématique cosmique du film.


Puis, il y a les femmes des méchants.
La femme forte des Drax Girls, celle qui dirige l'empire du méchant d'une main de fer et qui alterne froideur et sourire énigmatique, qui guide Bond jusqu'au repaire amazonien de Drax pour mieux le livrer aux assauts d'un boa constricteur. Il s'agit de la blonde fatale appelée Blonde Beautie, impeccablement interprétée par la belle chanteuse française Irka Boshenko. Ce rôle de femme forte, souvent oublier car discret, est un rôle essentiel du film et de la saga car il entérine la lancée féministe de la fin des années 70.
L'autre, l'unique Jaws Girl, est son exact contraire. A son nom Dolly, on comprend aisément qu'elle est une potiche. A ses bouclettes et ses lunettes, on s'en assure. Et pourtant, on aurait tort de juger sur les apparences. Car c'est la candeur de l'adorable bécasse - jouée avec un humour complémentaire à celui de Richard Kiel, son partenaire de jeu, par Blanche Ravalec - qui amènera l'impitoyable tueur aux dents d'acier à changer de camps et aider Bond à stopper le méchant du film. Une femme qui ne se distingue pas par sa capacité à se battre, par ses connaissances en astrophysique mais par sa capacité à changer le plus monstrueux des hommes en chevalier.


Des méchants de légende


Pour ce qui est de la méchanceté et de la monstruosité, Moonraker met sans doute les plus légendaires, les plus réussis ennemis de la saga EON.


On l'aura compris, le film offre dès son pré-générique le retour du géant aux dents d'acier, Requin, qu'on prend plaisir à revoir. Toutefois, son retour est un exemple d'un des défauts de l'ère Moore. Lorsqu'un bon personnage est trouvé, l'on s'empresse de le faire revenir dans le volet suivant en le sur-exploitant. Ce n'est pas le retour du personnage, toujours appréciable qui pose problème, c'est le suremploi qui en est fait. De même que J.W.Pepper, jouissif dans Vivre et laisser mourir, devenait lassant dans L'Homme au pistolet d'or, Requin, excellent dans L'Espion qui m'aimait, devient omniprésent dans Moonraker et surtout, le plus grave, perd de son sérieux, de son caractère effrayant initial. Richard Kiel, son interprète, lui donne plus d'humanité mais aussi plus de bêtise et de gaucherie que seule son invincibilité permet. Ses survivances prennent un tour exagéré sinon caricatural et l'on découvre entre autre que ses dents ne sont pas la seule partie de son anatomie à être faite d'acier. Néanmoins, on retrouve avec un plaisir sans doute un peu coupable le plus célèbre des adversaires de 007, tordant des bouts de tôle, chutant sans dommages dans les chutes du Niagara ou depuis un avion en plein vol, mâchouillant des câbles électriques et réservant au spectateur une belle surprise finale.


Le grand méchant du film fait oublier son prédécesseur en forçant le trait, semblable au Capitaine Nemo ou à Robur le conquérant, entrant en scène jouant éperdument une musique romantique au piano. Avec sa barbe entretenue, son désir de recréer des mondes dans d'autres mondes, son rêve eugéniste fou qui en fait un Hitler moderne sans autre appartenance nationaliste que celle de la nation qu'il veut créer lui-même, il constitue le summum du mégalomane bondien, tel que les critiques les imagine tous. Hugo Drax, tel est son nom, est une sorte de Dieu des Enfers tenant en respect deux chiens comme un cerbère menaçant. C'est un rêveur qui veut poétiser le monde et le modeler, comme s'il était Dieu. Lorsque Bond dit au Docteur No: "La domination mondiale, un vieux rêve! Nos asiles sont pleins de doux rêveurs qui se prennent pour Napoléon. Ou pour Dieu.", il a devant lui un simple Napoléon qui n'égale pas la folie divine et démiurge de l'incomparable Hugo Drax. Un personnage haut en couleur incarné avec calme, flegme, ironie royale et majesté par l'inénarrable Michael Lonsdale, acteur de théâtre et de cinéma, qui a joué pour les plus grands d'Orson Wells à Bunuel, en plus de ses prestations de critique littéraire, de ses prestations de liseur, mais aussi ses exploits d'auteur de textes mystiques et de partitions. Un personnage que Michael Lonsdale joue avec le flegmatisme qu'on lui connait, paraphrasant Wilde, cherchant de son propre aveu à "donner une mort amusante" à Bond, volant ses propres navettes vendues sur un caprice; un dandy. Un dandy que Lonsdale joue dans le film comme dans la récente adaptation vidéo-ludique 007 legends où Drax se voit attribuer un bureau encerclé d'une bibliothèque dont livres sont tous signés d'un certain Sir Hugo Drax. Un méchant de légende incarné par un homme de légende du cinéma, du théâtre et de la littérature.


Le plus français des James Bond


Michael Lonsdale et le château de Vaux-le-Vicomte ne sont pas sans rappeler le caractère très français de cette onzième aventure de l'espion de Sa Majesté.
Le casting est parlant. Michael Lonsdale, acteur français, que l'on peut retrouver dans dans Hibernatus ou Des Hommes et des dieux.
Les Drax Girls Corinne Cléry, Blanche Ravalec (Le Grand pardon et grande doubleuse, notamment la voix de W. Rider dans Alien 4), Irka Boshenko (Billitis et grande chanteuse et parolière de Mireille Mathieu, Patrick Fiori ou Garou), Catherine Serre et Nicaise Jean-Louis (deux futures gendarmettes, Christine Recourt et Yo Macumba, du Gendarmes et les gendarmettes), Anne de Pasquale (interprète de la guide du musée Venini, aujourd'hui auteure de polar tels que Dîtes-moi qu'elle est vivante ou Les Couleurs de la peur) Françoise Gayat et Béatrice Libert.
L'homme de main que Bond tire comme un faisan joué par Guy Delorme, figure de méchant et petites frappes récurant dans l'univers d'André Hunebelle entre OSS117 et Fantômas mais aussi cascadeur célèbre de l'équipe du cascadeur Claude Carliez, lui-même présent dans Moonraker dans le rôle de Franco, le gondolier au service de Bond.
Sans oublier le méchant principal pré-générique, le pilote du jet, qui veut tuer Bond en le laissant dans un avion en chute libre. Ce méchant, qui sert de clin d'oeil à Goldfinger est interprété par Jean-Pierre Castaldi, célèbre pour ses nombreux rôles au cinéma parmi lesquels ceux de Caïus Bonus et Castaldus dans les adaptations live d'Astérix !


Plus que le casting et l'équipe de cascadeurs, c'est le chef opérateur Claude Renoir, déjà présent sur le tournage de L'Espion qui m'aimait qui est français et qui est de retour !


Alors, rien que pour cela, soyons français et aimons Moonraker, le plus français des volets de James Bond !
COCORICOOOOOOOOO !!!!!!


Roger Moore, le commandeur de la marine à moteur


Roger Moore enfile pour la quatrième fois le costume de James Bond et nous rappelle bien que ce dernier est commandeur dans la marine.
S'il reste sur la bonne lancée de L'Espion qui m'aimait dans son interprétation de 007, il retrouve certains aspects de ses deux premiers volets, surtout dans la seconde partie du film. Il ramène par exemple les bateaux à moteur en transformant une gondole normale en gondole à moteur capable de se mettre sur roue sur la place St Marc, de distraire les serveurs et de poursuivre le malheureux homme à la bouteille, toujours si bien improvisé par Victor Tourjanski.
Bateau à moteur toujours sur le Niagara mais en ramenant le thème 007 oublié depuis Les Diamants sont éternels. Une scène à l'image de cette nouvelle prestation de Moore, en recherche de dosage entre celle de L'Espion qui m'aimait et celle de Vivre et laisser mourir.
Les fâcheux pourront certes déplorer sa tendance à la surenchère avec les autres personnages tels que Holly Goodhead et Q, ce qui, dans le cas de la première, apparaît comme une forme latente de misogynie. Mais là, ce serait uniquement le plaisir sadique de bouder le Jolly Roger et son humour plus patent que celui, contenu et parfois noir, de Sean Connery et George Lazenby.


L'ombre d'Hitchcock


Un humour d'ailleurs relativement dosé, en partage avec un style hitchcockien plus discret mais bien présent.
Dans la scène de combat avec Chang, qui ne manque pas d'humour, Bond porte dans sa poche de tee-shirt un flacon du fameux virus tueur de Drax. Un flacon qu'un rien peut casser. James Bond profite d'ailleurs d'un temps mort du combat pour s'assurer qu'il n'y ait aucune fissure sur le flacon. Une scène qui, suivie dans cette optique devient particulièrement stressante.
De même, lorsque Bond veut présenter le laboratoire où le virus est créé à M (dernière mais toujours satisfaisante prestation de Bernard Lee) et Gray, les trois hommes se retrouvent dans un bureau rococoDrax est en train d'écrire. Il s'agit d'une référence à La Mort aux trousses d'Hitchcock, film auquel Bons Baisers de Russie faisait déjà allusion. Dans ce film, Roger Thornhill veut montrer la maison où l'on a voulu le faire boire de force pour lui faire commettre un accident dû à l'ivresse et se retrouve dans une maison complètement changée.


L'étrange nuit du western bondien


Hitchcock seul n'impose pas son ombre au film, un court passage présentant James Bond dans un costume rappelant celui de l'homme sans nom interprété par Clint Eastwood dans la trilogie du dollar de Sergio Leone dans les années 60.
Ce n'est pourtant pas à cela que Moonraker fait allusion. Il souligne en réalité le retour de James West et Artemus Gordon la même année dans le téléfilm Le Retour des Mystères de l'Ouest. Un retour que rien ne semblait pouvoir arrêter et que la mort de Ross Martin, l'interprète de Gordon stoppera au bout de deux téléfilms.


Un excellent James Bond qui souffre d'une surexploitation du potentiel comique de Requin et son amie Dolly, d'un trop plein de féminisme mais surtout d'une mauvaise réputation due à ceux qui n'ont jamais su que le voir comme l'ersatz de Star Wars qu'il n'est pas.
Moonraker, c'est un rêve bondien que n'apprécieront que ceux et celles qui, comme son méchant, savent rêver !

Créée

le 3 sept. 2016

Critique lue 1.3K fois

4 j'aime

11 commentaires

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

4
11

D'autres avis sur Moonraker

Moonraker
DjeeVanCleef
3

James débande.

Pas évident pour un reliquat de la Guerre Froide , macho et un peu con, de cohabiter avec les étoiles. Le temps qui passe fait des ravages et James Bond est comme nous tous, il ne rajeunit pas. Il a...

le 6 avr. 2014

41 j'aime

13

Moonraker
Docteur_Jivago
2

"Touche le fond mais creuse encore "

Onzième mission pour l'agent britannique 007 et on pensait, après la dixième, que la saga sous Roger Moore était enfin lancée, mais elle tombe bien bas avec Moonraker, qui envoie Bond si haut dans...

le 30 nov. 2014

37 j'aime

5

Moonraker
Bondmax
3

Itinéraire d'un comique raté.

Si aujourd'hui on parlait un peu du Bond de Moore. Ah ce sacré Roger, dire que c'était l'un des choix de Fleming pour incarner Bond dans le tout premier film, mais vu que notre cher Roger a préféré...

le 10 janv. 2014

33 j'aime

11

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10