Moonlight battra t-il La La Land lors de la soirée des Oscars ? Sans doute pas mais cela n'a que peu d'importance, au fond. La constatation est que si l'on y ajoute Paterson, Loving, Jackie, The Fits, entre autres, en attendant Silence, eh bien nous voici avec un hiver américain séduisant et gouleyant qui contredit ceux qui annoncent la mort du (bon) cinéma américain. Avec sa construction en trois étapes, chacune consacrée à un moment de la vie de son héros Chiron, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte, Moonlight cherche à définir ce qui nourrit un homme en devenir et forge ses sentiments par l'expérience, celle des autres et la sienne propre qui passe, en l'occurrence, par la violence et la révélation d'une identité. Sous la lune exactement -les plus belles scènes sont nocturnes- le réalisateur, prometteur Barry Jenkins, oppose le mouvement de sa caméra au caractère mutique de Chiron dans un scénario qui défait tous les clichés du genre, film de ghetto, non sans maniérisme parfois, ou alors c'est ce qu'on appelle avoir un style. Il arrive cependant à Jenkins de côtoyer le chichiteux, surtout dans les deux premiers segments du film. Le scénario est assez mince également mais pour une fois ce n'est pas gênant tant le film possède une atmosphère et un joli sens de la temporalité en suggérant les informations plutôt qu'en les assénant et en jouant avec talent sur les ellipses. La dernière partie de Moonlight est la plus probante parce qu'elle est l'aboutissement d'une mécanique en marche depuis son tout début. Au bout de ce film finalement tendre sous l'écorce, les dernières minutes sont magnifiques avec enfin les mots qui viennent aux lèvres de Chiron, enfin apaisé. La destination valait ce cheminement qui a pu paraître un peu long, parfois.

Cinephile-doux
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le 7 févr. 2017

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