Roland Emmerich est un réalisateur avec une réputation désastreuse qui le précède. A l'instar d'un Paul WS Anderson, les blockbusters proposés par le réalisateur sont souvent des naufrages. La faute à une forme de mauvais goût, de beauferie assumée, avec des scénarios prônant la connerie. Pour ma part Emmerich c'est la réussite de The Patriot ou du Jour d'Après, et des calamités que sont 2012 et Independance Day.
Mais où se situe Moonfall dernier né casse-gueule ?
Déjà ce film est clairement un pur produit de son réalisateur. La recette est poussée à son extrême et d'une certaine manière cette démarche doit être soutenue alors que d'autres formules sans saveur restent appliquées à outrance. Le film a une liberté qui fait plaisir à voir, et il faut préciser que l'on ne s'ennuie pas devant Moonfall avec des rebondissements scénaristiques qui laissent jamais le spectateur en attente.
Bien sûr, beaucoup d'effet spéciaux quelconques sont proches du ridicules (notamment sur Terre), alors qu'ils s'en sortent mieux dans l'espace. Les personnages sont moins cons que d'habitude, et on y voit moins cet humour lourdingue, sans doute parce que le comic relief du film est assez sympathique. On s'éloigne, même si pas totalement, des personnages stéréotypés, pour avoir un rendu moins gros sabots. Bien sûr, le patriotisme, le sacrifice, le gars lambda capable des plus improbables cascades, de mec retraité depuis des années gardant une superbe condition physique pour un voyage inopiné dans l'espace et j'en passe. Il ne faut pas chercher du sérieux, du réaliste mais se dire qu'on va voir un truc catastrophe difforme que seul Emmerich saurait faire.
Pour ça le contrat est partiellement rempli car les séquences de la Lune qui s'effondre sur la Terre m'a semblé sous-exploité bien que parfois spectaculaire. L'énorme twist du film, ridicule et incompréhensible permet au film de rebondir alors qu'il m'a personnellement perdu. Cette espèce de Krypton étrange, emprunté à Mission to Mars ou Elysium m'a peu inspiré. C'est cette maladresse du réalisateur retrouvée qui plombe Moonfall. Sans doute car le délire est peu abordé voire peu expliqué, par crainte du ridicule ou par manque de talent, allez savoir, il n'empêche que je me suis forcé à pas réfléchir et à entrer dans le délire, sans que ce soit une grosse difficulté, gage d'un intérêt présent.
Intérêt probablement accentué par Patrick Wilson, dont le personnage pourrait décevoir alors que l'acteur est vraiement super aux côtés de ses deux acolytes. Dommage en revanche que certains seconds rôles soient mal joués (le mari militaire), ou anecdotiques (Michael Pena qui peine à s'imposer).
En résumé et comme attendu il ne faut pas réfléchir pour profiter pleinement du délire Moonfall. Délire réussi dans une première partie dramatique mais maladroite. Avant d'être réussie techniquement dans une seconde partie incompréhensible pour ma part.
Mi-figue mi-raisin, le film efface les erreur aberrantes de 2012 et j'ai avec ma note envie de soutenir le projet et la démarche du jusqu'au boutisme que j'affectionne dans un but d'en prendre plein la figure.
5/10.