Moon est un film de science fiction classique dans ses thématiques comme dans sa forme, contemplatif, porté de bout en bout par un Sam Rockwell épatant.


Le pitch ? Une énergie propre est produite grâce à des moissonneuses lunaires couvrant 70 % des besoins énergétiques de la Terre. Pour faire fonctionner l'ensemble, un humain doit assurer le contrôle et la maintenance des dites moissonneuses et envoyer régulièrement les récoltes sur Terre. C'est le rôle de Sam Bell, doté d'un contrat de trois ans, avec pour seul compagnon un robot prénommé Gerty. A deux semaines de la fin de son contrat, donc de son retour sur Terre, tout commence à dérailler...


Alors, que penser de Moon ? Déjà, c'est un scandale de ne pas avoir pu le voir au cinéma. Malgré des décors petits budgets, la texture visuelle de Moon est excellente, hommage à peine voilé à 2001 L'odyssée de l'espace. Les structures minimalistes, géométriques, filmés en plans lents donne un ton hypnotique au film très agréable. La musique participe également grandement à cette ambiance, lancinante, tout en pulsations et longues notes polyphoniques.


Ensuite Moon est un film bâti sur le jeu de Sam Rockwell, quasiment le seul acteur présent à l'écran. Alternant les scènes de vie quotidienne, la folie douce ou sévère, le doute, l'affection, le désarroi, il est tout simplement bluffant dans la composition de son personnage, nous évitant le danger de l'ennui, notamment au début, lors de la découverte de son quotidien.


Je ne peux poursuivre cette critique sans spoiler un minimum, attention pour la suite donc (La fin de la critique n'est pas spoilée).


Si Moon semble à son commencement s'orienter sur le thème de la folie dû à l'isolement, ce n'est que pour mieux tromper son public et passer à une histoire de clones touchante de par son traitement profondément humaniste. Mon passage préféré du film reste cependant ce moment où l'on ignore totalement ce qui est en train de se passer, où les deux Sam Bell se découvrent et pensent que leur "autre" est une hallucination (cette idée persiste un bon moment, le réalisateur retardant leur premier contact physique).


On comprend vite qu'on a affaire à une sordide affaire d'exploitation industrielle, où le clone du Sam Bell originel n'est qu'une pièce de rechange parmi tant d'autres sur la base. Ce qui est émouvant, c'est le désarroi total des clones, particulièrement l'amour de leur famille implantés en eux, qui se révèle vain.


Le robot Gerty est également un gros point fort de Moon, de part sa filiation avec HAL 9000. Alors que le spectateur s' attend à une traitrise de sa part, l'aide qu'il apporte aux clones, en proposant d'effacer sa mémoire pour ne pas les trahir, est un grand moment du film. L'IA côtoyant les clones aurait développé une affection pour eux, qu'il exprime par sa loyauté à assurer leur survie ? Une énième revisite des 3 lois de la robotique...


J'insiste encore sur la performance de Sam Rockwell dans son jeu, incarnant deux clones, l'un en début de vie, physiquement au top, et le seconde en pleine dégénérescence physique et mentale...


Véritable huis-clos contemplatif, Moon revisite des thèmes chers à la SF pour mieux se les approprier, et nous offre une jolie réflexion sur l'âme, la manipulation, la dégénérescence, l'amour, la survie, la solidarité, etc...


Un très beau film, loin d'être parfait, mais qui mérite vraiment le détour.

Hypérion
8
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le 1 juin 2012

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Hypérion

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