
Je pense que chacun d'entre nous a déjà rêvé, au moins une fois dans sa vie, d'avoir un copain comme Totoro près de soi. Une grosse créature pelucheuse, qu'on veut câliner à longueur de journée, qui peut faire pousser les plantes et jouer de l'ocarina. Qui a un large sourire particulièrement communicatif et qui peut vraiment s'amuser d'un rien, comme faire tomber des gouttes d'eau sur un parapluie. L'avoir à côté de soi pour dormir sur son ventre, monter dans le chat-bus avec lui. Et oublier les soucis du quotidien.
Pas étonnant que cette boule de poils soit devenue l'emblème de la boîte Ghibli. Totoro, c'est le symbole même de la rêverie. On s'émerveille tout le long du métrage, le grand Hayao Miyazaki retranscrivant à la perfection le domaine de l'enfance. C'est ce qui fait de Totoro une grande réussite différente d'un Mononoké ou d'un Chihiro. Une sorte de tranche de vie matinée de surréaliste, avec deux filles parmi les plus attachantes créées par Miyazaki (et ce n'est pas peu dire puisqu'il a l'art de créer des personnages très attachants).
Mon voisin Totoro fait preuve d'une joie de vivre indéniable, celle d'un jeune enfant qui voit des choses que personne d'autre ne voit et qui ne cherche pas à comprendre, juste à s'émerveiller, en montant dans un bus à l'allure d'un chat au large sourire évoquant celui de Cheshire, ou en dansant en pleine nuit pour faire pousser les plantes. Et le film n'oublie pas d'avoir des enjeux, même vus par la vision d'un enfant, celui qui a peur de perdre sa figure maternelle et qui veut l'avoir toujours près de soi.
Parce que c'est ça, Totoro. C'est une part de notre enfance, qui se cache en chacun de nous et qui ne demande qu'à resurgir, même pour un instant. Voir Satsuki et Mei courir dans les champs et chasser les noiraudes en hurlant partout dans la maison a quelque chose de communicatif.
Et pour contribuer au merveilleux ambiant et à la poésie qui se dégage de chaque scène, voire de chaque plan (il y a un côté craquant à voir Satsuki, Mei et leur père chacun près de l'autre dans son lit, après une séance de rigolade pendant le bain et l'expédition des noiraudes vers le camphrier), Hayao Miyazaki met tout son talent en marche. Impossible de rester de marbre face à une telle qualité des dessins, d'une minutie prodigieuse, d'un sens du détail remarquable, conjuguée à la belle BO toute en chansons enfantines et en airs doux et touchants.
Tout ceci constitue une grosse bulle de bonne humeur d'une bonne heure et demi, durant laquelle on ne peut s'empêcher d'avoir un sourire béat constant. En cas de coup de blues, blotti dans son lit quand il ne fait pas beau dehors (enfin, en toute circonstance, remarquez), le mieux à faire est donc d'embarquer dans le chat-bus, à destination de la joie et de la rêverie enthousiasmante, à destination de l'enfance pas forcément perdue pour toujours.
Pour résumer, Totoro est beau, Totoro est drôle, Totoro est émouvant.
Totoro est magique.