Mon voisin Totoro
7.8
Mon voisin Totoro

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1988)

Mon dieu, quelle idée j'ai eu d'entreprendre une critique sur ce film...


Souvent, le monde me paraît dur (ça commence bien). Vraiment très dur. J'en ai été dépressif (et suicidaire). Je n'ai que 18 ans et j'ai déjà peur d'être adulte, d'affronter le monde, ou pire : y trouver ma place. Trouver sa place dans un monde aussi chaotique, incertain et pourri par pas mal d'aspects, est-ce une bonne chose ?
Je me pose trop de questions, je le sais bien ; il n'empêche que ces questions viennent à moi sans que je puisse les stopper - il paraît que c'est typique des adolescents et des fous, et je n'ose pas savoir de quel groupe je fais partie.


Alors quand ces questions deviennent trop nombreuses, qu'elles commencent à ne plus avoir de sens, qu'elles m'empêchent de dormir la nuit et d'avancer dans la vie, je regarde Mon Voisin Totoro.


Mon Voisin Totoro, c'est l'histoire de deux fillettes et de leur père au milieu d'une paisible campagne : elles viennent de déménager. Leur mère est à l'hôpital, mais rien de grave.
Ce qui est marquant avec ce film, c'est que tout va bien. Évidemment des éléments perturbateurs arrivent dans le récit (surtout à la fin), mais au fond le film est empreint d'un aspect doux et rassurant, comme un parent qui nous rassurerait en nous prenant dans les bras.


Pourtant, un autre aspect marquant du film est son envie d'aventure : les fillettes (comme tous les enfants du monde) vont toujours chercher de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes, et Mei ira jusqu'à trouver le seigneur de la forêt : Totoro.
Totoro est, au sens scientifique du terme, un monstre, pourtant jamais il n'est montré comme tel ; j'irai même jusqu'à dire qu'il n'est au fond pas l'élément central du film : il passe ses journées à dormir et ne se met en action que pour aider les fillettes, comme un ami imaginaire le ferait. Dans cet univers, les dieux eux-même sont donc des amis, des confidents, et aident à ce que la sérénité prospère.


Aussi, alors que l'on est bercé par les ronflements de cette grosse bestiole-déesse en même temps que Mei, on perd la notion du temps. Le temps dans ce film est le temps de l'enfance : il paraît infini et nous appelle constamment à l'aventure. Les journées du film nous paraissent être de vraies journées et nous les vivons comme les personnages, du point de vue d'un enfant qui ne pense jamais à la fin de ses journées et qui confond rêves et "réalité".


Oui, ce film est un pur fragment d'enfance dans tout ce qu'elle a de plus beau. Même ceux qui ont eu une enfance difficile (ou du moins pas facile) peuvent s'y reconnaître, car tous les enfants ont un jour eu l'impression que le Soleil ne se levait que pour eux et que leur ami imaginaire leur murmurait des mots à l'oreille.
Ce film est une invitation à l'aventure comme l'était l'Enfance elle-même, une invitation d'une heure et demie qui reste dans nos cœurs comme le plus tendre des souvenirs d'enfance.
C'est pourquoi, en parlant de ce film, je fais toujours une recommandation très inhabituelle : regardez le adulte ou adolescent. Évidemment je n'ai rien contre le fait de le montrer aux enfants, mais l'ayant moi-même découvert en tant que jeune adolescent je peux vous dire qu'il m'aurait beaucoup moins touché si je l'avais vu enfant.


Car au milieu de ce monde qui me paraît trop chaotique, imprévisible et inquiétant, Mon voisin Totoro est thérapeutique. C'est ma bulle d'air au milieu du chaos, mon havre de paix.


Quand l'envie de quitter ce monde (au sens figuré comme littéral) me submerge, Totoro m'emmène à l'aventure, comme si le film l'avait (presque) rendu réel à mes yeux. Et pour ça, je ne l'en remercierai jamais assez.

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le 4 oct. 2020

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PuduKazooiste

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