Mon voisin Totoro
7.8
Mon voisin Totoro

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1988)

Enfant, on affectionne un doudou plus pour ce qu’il représente que pour ce qui fait son essence, à savoir un bout de tissu.
On se rassure à son contact, quoique c’est peut-être cela son essence, être un réceptacle de réconfort face au monde extérieur.
Adulte, le doudou se confronte à ce même monde, s’effrite et disparaît.
J’ai cette impression qu’au fond, on a tous besoin d’un doudou.
Des doudous, j’estime en avoir.
Parmi eux, certains me font quitter le monde adulte.
Mon Voisin Totoro est de ceux-là.
Protecteur, réconfortant, c’est une bulle.
Une bulle qui fait voir le monde, sinon meilleur, d’une autre manière.
A sa façon, il brise l’espace-temps.


Quittant le monde des grands que j’ai pourtant maintes fois souhaité rejoindre, je retrouve celui des enfants, qui semble bien différent mais l’est-il tant que ça ?


Il brise l’espace-temps en me téléportant sans le vouloir qui plus est !
De lundi X avril 2028, ciel gris, circulation dans la rue, bruit de klaxon et de béton mouillé je me retrouve dans le canapé familial, sous une couette chaude avec, dans le fond, le feu qui crépite dans la cheminée.


Un caramel qui fond sous la langue, une berceuse qui nous prépare à la rencontre de Morphée, un câlin si proche qu’on peut entendre le cœur battre…
Mon Voisin Totoro c’est peut-être tout ça, peut-être plus ?
Un monde paisible, merveilleux, un voyage au centre du cocon nourricier de la vie.
Une quête sans antagoniste autre que le cours naturel, inéluctable et paisible des choses qui font que le monde est ce qu’il est.


Avec tout ce qu’il compose, ce film me témoigne cette pureté, cette perfection de l’instant suspendu. Le temps qui passe, pour le pire et surtout le meilleur, rend la vie telle qu’elle vaut la peine d’être vécue. Le vent qui souffle emporte avec lui les feuilles comme les rires qui viennent chatouiller les nuages.


Avec toute la bienveillance, le naturel, l’innocence, la beauté, la douceur, la maturité, l’humilité et surtout l’amour que dégage cette œuvre, je me questionne ici : nul bonbon n’aura été aussi impérissable, nulle chanson n’aura été aussi agréable à mes sens, nul câlin ne m’aura autant permis de me remémorer la tendresse des émotions du jardin d’enfance ?


Je ne sais, et ne veut savoir car pour mon cœur, il restera toujours de la place pour d’autres caramels même beurre salé évidemment, quel délice ! -
Ce film, demeure l’ode à l’ouverture vers l’inconnu, vers le gentil nounours qui se cache dans la forêt. Je suis intimement attiré par l’art et je songe en écrivant ces lignes que ce film n’y est pas pour rien.
Il est de ces films qui vous font dire le plus naturellement du monde « merci ».


Je découvre non sans une certaine joie que ce film a le potentiel de doudou chez de nombreux spectateurs, même une fois adulte.
Je ne suis guère rancunier et me résous à le partager puisque je ne pense pas être foncièrement différent de tous les autres enfants qui l’ont câliné, ce n’est pas si grave...

Créée

le 2 mars 2021

Critique lue 83 fois

3 j'aime

Jekutoo

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