
Si un soir pluvieux, alors que vous êtes seul(e) à un arrêt de bus, il vous arrive de rencontrer une sorte d'immense chat bedonnant au large sourire, surtout ne paniquez pas, vous êtes en face d'un Totoro pure souche. Offrez-lui votre parapluie, il s'amusera à coup sûr du son des gouttes de pluie au-dessus de sa tête et peut-être même qu'il vous raccompagnera à bord de son chat-bus.
Pendant que son collègue Isao Takahata faisait pleurer le Japon tout entier avec son bouleversant "Tombeau des lucioles", Hayao Miyazaki, lui, faisait l'exact contraire, en signant son antithèse, son versant optimiste. Alors que Takahata prenait à bras le corps son sujet difficile, ancrant son film dans un réalisme palpable, épousant totalement sa noirceur, Miyazaki préfère opter pour une approche diamétralement opposée, camouflant un fond délicat (l'hospitalisation d'un proche) derrière un merveilleux à toute épreuve.
Atteignant un stade parfait d'épure narrative, allant droit à l'essentiel en refusant toute péripétie inutile, Miyazaki signe un pur chef-d'oeuvre de simplicité, vibrant hommage à la magie de l'enfance et à l'univers de lewis Carroll, apte à émerveiller les petits comme les grands. Au son de la magnifique partition de Joe Hisaishi, "Mon voisin Totoro" nous embarque pour un voyage sans retour au pays des esprits de la forêt, adorables boules de poils aussi mystérieuses qu'attachantes, à l'image de ses deux jeunes héroïnes. Un concentré de poésie qui vous fera planer au-dessus des nuages et glisser le long des arc-en-ciel, avant de vous endormir paisiblement sur le ventre d'un bon gros Totoro.