Marie-Antoinette,dite Tony,est une charmante avocate qui tombe follement amoureuse de Georgio,un très séduisant restaurateur.C'est la grande passion,on baise sauvagement,on fait des trucs dingues,on rigole énormément,puis on se marie et on fait un enfant.Mais le mec va progressivement montrer un tout autre visage,celui d'un dominateur manipulateur,et la vie de son épouse va devenir infernale.Le succès de ce film, que Maïwenn a coécrit avec Etienne Comar et réalisé,est assez étonnant dans la mesure où il ne s'agit ni plus ni moins que de l'éternelle histoire d'amour fusionnel qui finit par partir en vrille.On a souvent vu ça,et l'originalité du projet réside surtout dans la personnalité des deux personnages.Georgio,sorte de pervers narcissique,veut mener deux vies incompatibles à la fois en continuant d'une part son existence joyeuse de fêtard irresponsable entre sorties avec les amis,alcool,drogue et top models à gogo,tout en ayant parallèlement un foyer stable avec bobonne qui l'attend sagement à la maison et s'occupe des enfants.Le problème est qu'on n'arrive pas à plaindre Tony,hystérique velléitaire acceptant sa servitude.Soumise et rebelle,elle pique des crises,multiplie les scènes de ménage,déprime à fond et quitte son insupportable mari.....pour mieux retomber dans ses bras ensuite,dès qu'il se montre gentil et enjôleur afin de se faire pardonner,ce qu'il sait parfaitement faire.Du coup les disputes se multiplient selon un schéma répétitif devenant à la longue un peu lassant,miss Le Besco explorant complaisamment les arcanes mystérieuses de la dépendance amoureuse.On sait que les relations familiales dysfonctionnelles constituent son créneau,et elle semble toujours régler ses comptes avec son enfance difficile entre un père violent et jaloux et une mère,comédienne de second plan,qui l'a poussée très jeune sur les plateaux.La belle envisage sans doute le cinéma comme une thérapie et la figure paternelle en prend généralement pour son grade,qu'il s'agisse du beau-père se tapant la fille de sa femme dans "Pardonnez-moi",des papas abuseurs de "Polisse" ou ici de l'homme égocentrique et possessif.Mais les filles ne sont pas épargnées non plus et les figures de névrosées abondent dans tous ces films,ainsi que dans "Le bal des actrices".Elle s'est entourée de collaborateurs habituels comme la chef-op Claire Mathon,le musicien Stephen Warbeck,le producteur Alain Attal,des Productions du Trésor,ou l'actrice Emmanuelle Bercot avec qui elle avait coécrit "Polisse" dans lequel elles jouaient toutes les deux.Les performances magnifiques des deux principaux comédiens portent le film,notamment celle de Bercot qui,totalement investie,n'a pas volé son prix d'interprétation au Festival de Cannes.Vincent Cassel lui donne la réplique puissamment et incarne sans faillir ce mec détestable sous ses dehors avenants.Les seconds rôles sont réduits à la portion congrue mais Louis Garrel est excellent en frère lucide de l'héroïne qui tente sans résultat de la détourner de sa relation toxique,mais que voulez-vous l'amour est enfant de bohème qui n'a jamais jamais connu de loi,pas même celle de la logique ou de l'instinct de survie.Il y a aussi Isild Le Besco,la petite soeur de Maïwenn,dont la carrière parait bien ralentie après ses débuts fracassants quelques années auparavant.