Miss Peregrine et les enfants Particuliers adapté par Burton, c'était un peu un rêve.


En effet, qui aurait été mieux placé pour retranscrire l'ambiance si étrange, parfois dérangeante, des bouquins ? Qui aurait pu mieux que lui aborder le sujet de la différence, de l'exclusion, lui qui a passé une partie de son enfance à se raconter des histoires, caché sous une table de sa maison ?


Sur le papier, le mariage était donc parfait. Seulement voila, il a fallu choisir les invités. Et c'est là que les premiers problèmes apparaissent. Miss Peregrine est décrite comme une femme d'un certain âge qui impose le respect ? Pas de soucis, Eva Green (pourtant magnifique) et ses 30 et quelques printemps fera l'affaire. L'héroïne manie le feu ? On va plutôt inverser sa particularité avec celle qui vole, c'est plus parlant. Le psy est un homme ? Mais non, faisons-en une femme ! Alors certes, il y a aussi Asa Butterfield, un Jacob plus vrai que nature, ou encore le personnage d'Enoch, aussi imbuvable à l'écran qu'à travers les pages du livre. Mais si vous mettez tout ce petit monde à une même table, l'harmonie n'est évidemment plus de mise.


Et que dire du déroulé de la cérémonie ? Jusqu'à la moitié du film, chacun respecte son planning, malgré les petites coupes inhérentes à l'adaptation d'un livre. Mais passée la première heure, tout le monde a un peu trop mangé, un peu trop bu (Tim Burton y compris, il y avait même sans doute autre chose dans son verre) et le tout vire au joyeux délire. Et étrangement, c'est dans ces scènes les plus éloignées du livre que le réalisateur s'éclate vraiment (la scène de la fête foraine en tête). Mais là, pour ceux qui, comme moi (vous vous en doutez) ont lu le livre : c'est le drame. La pièce montée s'écroule sous nos yeux impuissants, les enfants se recouvrent le visage de crème glacée et la mariée s'est fait la malle avec le frère de son nouvel-ancien époux. Comprenez par là que le film n'a plus rien en commun avec l'histoire écrite par Ranson Riggs, pas même sa fin ! La deuxième moitié du film sort donc complètement de l'imagination toujours aussi farfelue de Tim Burton, pour le meilleur et malheureusement aussi, surtout pour le pire. Studio oblige ? Ce livre sur la différence, l'exclusion, la guerre, devient une fable colorée, rieuse ou "tout est bien qui finit bien". Comme dans un mariage où tout n'a pas déraillé en route, en somme.


Mais alors, pourquoi avoir voulu adapter un livre si c'était finalement pour raconter une autre histoire ? Tim Burton n'a-t-il pas assez de notoriété pour proposer une histoire totalement originale ? Il est vrai que ces dernières années il s'est plutôt contenté d'adaptations (Alice, Charlie et la Chocolaterie, Dark Shadows...) et pourtant on retiendra plus volontiers ses histoires originales ou même son biopic (Big Eyes, Les Noces Funèbres...). Avec Miss Peregrine, c'est peut-être l'adaptation de trop. Celle qui prouve que, même si Burton est et reste un très grand réalisateur de son époque, il en oublie aussi sa Particularité, celle qui l'a amené à créer des univers totalement enchanteurs (l'Etrange Noël de Monsieur Jack, Big Fish). Là où on attendait de lui qu'il sublime le livre, il l'a en vérité trahi.


De là à dire qu'il n'y a ceux qui qui n'ont pas lu les livres qui apprécieront le film, il n'y a qu'un pas... vers l'autel.

Ritz
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le 8 oct. 2016

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Ritz

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