L’adaptation du roman de Ransom Riggs fait chou blanc. Tim Burton y introduit son univers pour un rendu inaccompli et bien faible lorsqu’on connaît le nom du cinéaste.


Jouer avec le temps est une affaire difficile et le reconstituer au cinéma l’est encore plus. Sachant bien que la notion temporelle nous échappera toujours, de nombreux cinéastes se sont néanmoins amusés à l’agiter dans tous les sens. Avec Miss Peregrine et les enfants particuliers, Tim Burton ne déborde pas moins d’imagination dans l’adaptation de ce roman de Ransom Riggs. Le réalisateur de Sleepy Hollow ou de Big Fish n’a plus rien à prouver dans son domaine mais depuis quelques années beaucoup se demandent si l’effet Burton ne prend pas fin ? Une question que l’on se pose aussi après le visionnage de son dernier film.


Jacob perd son grand-père. Les histoires qu’il lui racontait lorsqu’il était petit ne lui sont toujours pas sorties de la tête, à tel point que ses parents pensent qu’il a des problèmes mentaux. Désireux de comprendre les mystères tournoyant autour de son aïeul, il part aux Pays de Galles pour en apprendre plus et découvre un “lieu magique” : la maison de Miss Peregrine et des enfants particuliers.


Tim Burton a l’air lassé du monde présent dans lequel il vit. Manquant peut-être d’imagination à son goût ou d’avoir une civilisation qui n’accepte pas ce qui est de nature étrange. Il dépeint le monde de 2016 de façon bien terne, grisâtre et sombre. Il contraste considérablement avec la facette de la maison des enfants particuliers, où les couleurs se veulent plus chaudes, plus féeriques et magiques, où l’air y est respirable même si cela ne dure qu’un temps.


Une histoire qui semble sur le papier intrigante mais qui manque considérablement d’explications. Le tout est trop bordélique pour que nous puissions entrer avec Jacob dans l’autre unité temporelle sans nous interroger sur une quantité de sujets inexploités : des particuliers pas très bien identifiés et le passé d’un vieil homme retranscris seulement par le biais des souvenirs d’anciens visages mais jamais de l’intérieur de l’époque de 1943 où il a vécu enfant.


Une quantité d’informations à l’écran qui auraient pu être bien mieux agencées par le développement de ces personnages ou par une façon différente de raconter le récit que celle empruntée par Tim Burton qui nous fait avaler une histoire remplie d’éléments survolés où on tente déjà de rattraper notre retard dans la compréhension de celle-ci et donc nous empêche de nous installer clairement au cœur de l’oeuvre.


L’univers fantastique dont dispose les enfants particuliers se veut finalement très enfantin dont Samuel L. Jackson sera la bonne poire. L’antagoniste qu’il incarne ne peut réellement jamais être pris au sérieux, tout comme le sont les scènes d’actions où les facéties des jeunes filles et garçons viendront pencher la balance vers un film plus comique que dramatique.


La patte Burton se fait sentir à différents moments dans l’univers du long métrage, de plans inspirés et dans sa construction narratologique mais ne propose rien d’original et d’assez convaincant pour clamer le retour de ce qu’arrivait à réaliser Burton il y a quelques années. On peut admettre que la notion de la boucle temporelle peut être réussie quand on voit la fin de l’oeuvre. Un passage de relai d’un grand père à son petit fils où l’amour triomphe, efface le passé et lance une nouvelle vie pour un jeune homme qui a trouvé son chemin et qui est cet héros courageux qu’il ne pensait lui-même ne jamais être.


Cependant, on passe totalement à côté de l’oeuvre. S’entichant d’une histoire tirée par les cheveux, d’une amourette très facile à nos yeux, d’un manque cruel de drame, Miss Peregrine et les enfants particuliers mêle fantastique et science-fiction dans un contexte historique qui aurait pu exploiter le potentiel de l’oeuvre qui au lieu de cela a préféré plonger dans le précipice. On admet tout de même être curieux de voir la suite au cinéma d’ici quelques années si cela est raconté d’une main de maître en reposant les bases de l’intrigue, ce qui n’a pas été le cas avec Tim Burton que l’on peut continuer à louer pour ses anciennes productions.


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Burnham
4
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Créée

le 25 mars 2019

Critique lue 454 fois

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