Miss Peregrine et les Enfants Particuliers m’a tout de suite surprise par son arrière goût de « déjà vu ».


La dualité entre monde réel et monde parallèle, sur fond de guerre, semble clairement inspirée du Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro.
La thématique générale, qui prétend mettre en scène des enfants « particuliers », lire ici dotés de pouvoirs, réunis dans une école sous la haute autorité d’un senior (en âge et en expérience) qui vieille à leur sécurité… non ça n’évoque absolument pas une autre saga à succès mutante.
Le jeune premier, looser parmi le commun des mortels et qui deviendra THE one, celui qui sera le seul capable de sauver toute la troupe… ce n’est pas sorcier quand même de ne pas s’inspirer à ce point d’un autre univers.
J’en passe encore d’autres, beaucoup d’autres.


Et puis en me posant cinq minutes je me dis « Dis donc cocotte, Burton ce n’est quand même pas le dernier des nases questions cinéma, et s’il fallait aller chercher un peu plus loin ? ».
Et là en cherchant un peu on constate qu’au-delà du « plagia » (le mot est trop fort) il y a aussi de nombreuses références (qui nécessitent une culture cinématographique que je n’avais pas mais merci internet) qui transforme ce « déjà vu » en une sorte d’hommage de Burton à certains films plus ou moins emblématiques d’une époque révolue où le foisonnement d’effets-spéciaux numériques n’avaient pas encore généré l’invasion de blockbusters que l’on connait de nos jours. Au sujet de la confrontations entre « emprunts » de sagas à succès et références à de grands classiques (amateurs de Monsieur Harryhausen vous pourrez sans doute plus apprécier certains squelettes par exemple), je vous suggère l’article de MadMovie (Au-revoir-les-enfants) et je remercie au passage Behind_the_Mask puisque c’est en lisant sa critique (que vous trouverez ici) que j’ai découvert cette interprétation.


Et le scénario dans tout ça ?


Certains humains naissent avec des capacités particulières (contrôle de l’air, force surhumaine…) ce qui a le don de soulever l’ire générale de cette pauvre plèbe qui a du mal à comprendre. Et que fait un humain de base qui ne comprend pas ? Il a peur et donc bien souvent il se sent le devoir d’anéantir la source de sa peur ou du moins de la malmener. Résultat : certains « particuliers » ont pour charge la protection de groupe de leurs semblables.
Vient alors notre jeune Jacob qui découvrira le rôle qui lui revient dans cette histoire. Rôle qui découle de la présence de « particuliers » un peu moins sympathiques qui ont le bon goût scénaristique d’être de gros enfoirés égoïstes (oui la vie c’est blanc ou noir point). Pour être honnête, en dire plus serait vous gâcher un peu le film puisque le scénario n’est pas mauvais mais il n’est ni novateur et ni complexe.


Finalement on constate que la thématique principale est vite délaissée au profit d’une histoire d’amour (naïve) qui pointe du doigt d’autres questions moins naïves.


-La première étant celle du libre arbitre.
Il semblerait que ma naissance me destine à un rôle mais vais-je l’assumer ? Sur fond de guerre, la réplique « je ne tue pas de gens » (ou sensiblement similaire) prend un autre sens.


-La question de la filiation jumelée ici avec celle de l’Amour. Qui de ma famille ou de ma belle choisir ? Mon devoir est-il d'obéir à mes parents ou puis-je suivre les pas de mon grand père bien aimé (enfin rien de trop profond non plus)?


-Et enfin la plus importante à mon sens puisqu’elle conditionne toutes les autres questions, la question du temps qui passe. L’idée est charmante et même intéressante : à choisir entre un amour qui restera figé dans une éternelle journée ou une vie qui évoluera, grandira et prendra fin, que faire ?


Malheureusement Burton ne fait pas vraiment de choix et traite son film comme un grand fourre-tout.
Des enfants aux pouvoirs qu’on ne voit que très peu (et sous-entendus plus puissants qu’ils ne seront dévoilés), des méchants grotesques dont on se débarrasse facilement, des thématique sur le Temps et l’Amour effleurées au point d’en devenir niaises. Bref des idées pas mauvaises mais traitées de façon un peu brouillon à mon goût (après est-ce un défaut des romans de base ? Une volonté de tout condenser en un film ?).


Bien entendu, les monstres (dans le pur style Burton) sont présents sous différentes formes et paraissent pour certains assez surpuissants. Problématique pour nos petits héros en herbe ? Que nenni, quelques malhabiles retournements de situation (aussi vulgairement nommés instants « paye ta ch… ») leur évite bien des soucis.


Détracteurs des effets spéciaux vous allez encore être heureux. Pour ma part, j’ai humblement apprécié quelques scènes dont la beauté m’a simplement fait plaisir (comme la séquence de descente dans le bateau).


Que l’on adopte une lecture au premier degré ou que l’on tente l’indulgence sous caution d’un questionnement sur le devenir du cinéma (Cf. Mad Movie) il n’en reste pas moins que Miss Peregrine et les Enfants Particuliers n’est pas, à mon avis, une des œuvres les plus réussies de la filmographie de Burton mais je suis quand même contente de l’avoir vu.

Chocodzilla
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le 30 janv. 2017

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