Les Pérégrinations d'adorables enfants dans une boucle manquant de magie

Depuis Big Fish, Tim Burton ne m'enchante plus vraiment. Certes Charlie et la Chocolaterie était plaisant, tout comme Alice au pays des merveilles, mais rien d'inoubliable. Puis vint le catastrophique Dark Shadows, le sympathique Frankenweenie et le faible Big Eyes. Miss Peregrine signe-t'il son retour en forme où confirme-t'il la chute d'un grand réalisateur ? Ni l'un, ni l'autre, c'est une oeuvre séduisante mais manquant d'âme.


L'univers du roman de Ransom Riggs (un lien de parenté avec Martin?), semble être parfait pour l'esprit créatif de Tim Burton (avec Richard? Promis, j'arrête). Du moins avec le Tim Burton du siècle précédent, voir du début de celui-ci. Son esprit semble moins torturé, il a mûri et on ressent cette évolution dans ses œuvres. Sa créativité semble en avoir été affecté, du moins dans le côté obscur de sa force visuelle. Il renoue un peu avec son passé à travers ces enfants particuliers où l'on retrouve des similitudes physiques dans le regard d'Ella Purnell avec Christina Ricci, tout comme dans l'attitude d'Eva Green avec Helena Bonham Carter. On pense aussi à Alice au pays des merveilles avec la montre a gousset de Miss Peregrine et sa propension à calculer le temps. Puis dans les créatures d'Enoch (Finlay MacMillan) et les monstres. On retrouve un peu la flamme qui l'animait à ses débuts, mais elle se fait souvent vacillante et ne va pas entièrement nous illuminer.


C'est beau, il y a des moments poétiques, comme la découverte de l'épave et son renflouement, où la boucle et la séance de rêves. Ce sont des petits moments de bonheur, mais la magie ne prend pas vraiment. Asa Butterfield est fade au milieu de ces enfants particuliers, il ne semble pas à sa place et on ne s'attache pas à son personnage. Pourtant, il a un rôle intéressant avec son lien affectif pour son grand-père, interprétait par l'immense Terence Stamp. La scène où il lui conte son histoire est émouvante, mais c'est un rare moment de tendresse dans un film qui en manque cruellement. Un rapport qui n'existe pas avec son père Chris O'Dowd, préférant la télévision et les oiseaux, à sa famille. Il y a aussi l'absence de figure maternelle avec sa mère Kim Dickens mise de côté. C'est auprès d'Eva Green, qu'il va trouver un certain réconfort, puis avec Ella Purnell (amoureuse du grand-père, puis du petit-fils, ça fait un peu famille du 59), avec une adorable romance. Le passage à l'âge adulte et le sentiment d'être à part durant l'adolescence, sont à peine esquissées.


Les enfants particuliers, tout comme leurs bizarreries, sont mignonnes. Ce sont des super-héros plus touchant que ceux des univers Marvel et DC Comics. Les monstres sont réussis avec un air de Jake Skellington (L'étrange noël de monsieur Jack) et Samuel L. Jackson est un excellent méchant grâce à ses répliques délirantes. Mais l'absence de Danny Elfman se fait ressentir, surtout lors d'un combat sur fond de techno entre les monstres et des squelettes digne de Jason et les Argonautes. Un côté vintage et nostalgique plutôt séduisant. Son rythme est sur courant alternatif, parfois la caméra est paresseuse et le temps semble parfois s'étirer. Puis, j'en reviens à sa quasi-absence d'émotions, confirmant son côté superficiel, alors qu'il y avait de quoi s'émerveiller face à ces enfants.


Tim Burton signe un film mineur. Il a perdu de sa superbe, c'est du à son évolution en tant qu'homme et comme il a toujours fait corps avec ses oeuvres, cela se ressent dans sa mise en scène. Un auteur est souvent meilleur quand il est dans tout ses états, mais comme il semble mieux dans sa tête, on va devoir faire le deuil de sa noirceur. C'est un bien pour lui et un mal pour le spectateur, mais est-ce vraiment grave ?

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le 11 oct. 2016

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Laurent Doe

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