Miss Peregrine et les Enfants Particuliers est un le premier roman d’une trilogie écrite par l’auteur américain Ransom Riggs. Énorme succès critique et de librairie (le bouquin est resté 63 semaines en tête la liste des meilleures ventes publiée par le New York Times), il était tout naturel qu’il soit porté à l’écran comme tous les romans pour ados à l’heure actuelle. Et il semblait, vu l’univers mis en place, tout naturel que ça soit Tim Burton. Pourtant…


Comme la version papier, le film de Tim Burton s’ouvre sur Jacob, un adolescent qui se fait raconter des histoires fantastiques par son grand-père. A la mort de celui-ci, assassiné par une créature, il apprend que tout est vrai. Il décide alors avec son père et selon les conseils d’une psy de partir sur les traces du papy décédé sur une île du Pays de Galle. Là-bas, Jacob va faire la connaissance de Miss Peregrine, qui héberge des enfants aux pouvoirs spéciaux dans un manoir, le tout à l’abri des regards car coincés dans une boucle temporelle. Il va aussi découvrir que le monstre qui a tué sa grand père n’est pas le seul et qu’un grand méchant leur en veut.


Votre serviteur n’a pas lu l’œuvre de Ransom Riggs à l’heure où ces lignes sont écrites mais on lui a soufflé que tout le début de l’histoire était plutôt fidèle au récit d’origine pour ensuite virer au grand n’importe quoi. Pourtant, ce ne sont pas des manchots aux manettes puisque l’adaptation est signée Jane Goldberg, proche de Matthew Vaughn ayant notamment écrit Kingsman, et que Tim Burton est à la réalisation. L’univers sied d’ailleurs parfaitement au réalisateur, entre super-héroïsme (il y a un indéniable coté « jeunes X-Men ») et univers gothique qui permet au réalisateur d’animer des créatures comme il aime et de rendre hommage à Ray Harryhausen à travers une scène avec des squelettes. Même la musique, confiée à Mike Higham parce que Danny Elfman était sur d’autres projets, tient la route.


Et si les non lecteurs tolèreront en toute logique les modifications de l’histoire, ils se rendront néanmoins compte que le film a bien du mal à se tenir. La première partie tente de jongler entre univers réaliste et mythologie au lieu de plonger totalement dans le conte. Mais, surtout, elle dure une éternité pendant laquelle il ne se passe rien. 90 minutes au compteur d’une origin story qui n’arrive pas pour autant à développer correctement ses personnages puisqu’en dehors des deux héros et de Miss Peregrine elle-même les personnages secondaires ne sont là que pour faire des démonstrations de leurs pouvoirs.


Il faudra donc attendre l’acte final pour trouver un peu d’intérêt à tout ça, mais ce n’est pas gagné pour autant puisque Burton, toujours empêtré dans son histoire, n’arrive pas à gérer la multitude de personnages à l’écran. De bonnes idées donc, mais très souvent mal foutues ou mal exploitées au point que certains faux raccords soient excessivement visibles.


Miss Peregrine n’est pas pour autant une catastrophe car la patte du réalisateur d’Edouard aux Mains d’Argents sauve l’ensemble. Néanmoins, Tim Burton a du mal et ça se sent à l’écran. Le réalisateur avait commencé une carrière en fanfare dans les années 80, porté à l’écran la meilleure incarnation live de Batman et signé quelques pièces de maitre. Mais depuis Big Fish sorti il y a quand même treize ans, le metteur en scène culte a bien du mal à bout de bras des projets qui tiennent la route. Et ce n’est pas Miss Peregrine et le cabotinage à l’excès d’Eva Green qui vont l’aider.

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le 7 oct. 2016

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