Il est de plus en plus rare de retrouver sur grand écran le plaisir de se faire surprendre par un bon thriller tendu et efficace. Misanthrope est de cette trempe. Un mass killer insaisissable, des flics cabossés par la vie, une enquête qui piétine, des fausses pistes, autant d’ingrédients que le film de Damián Szifron associe dans une mise en scène inspirée. Enlevée et nerveuse, elle tire le meilleur de l’ambiance crépusculaire qui règne à Baltimore et compose des plans larges construits avec soin. Le jeune réalisateur argentin nous plonge directement dans le bain avec une première scène choquante se déroulant lors du passage à la nouvelle annnée, où l’on voit des fêtards se faire dégommer par un sniper de manière totalement aléatoire.
Misanthrope est porté par des personnages solides, notamment celui interprété par Shailene Woodley, excellente, aux faux-airs de Clarice Sterling. Le sous texte également est intéressant, le film faisant en fond la critique d’une société américaine post-pandémique de plus en plus individualiste et nombriliste, où l’affrontement radical de points de vue irréconciliables crée un sentiment de peur et d’insécurité permanent que l’on sent bien dans le film.
Dommage que le dénouement, bavard et longuet, ne soit pas forcément à la hauteur de ce qui précède. Mais le plaisir est réel.