Un film d'enquête passionnant, avec une enquête journalistique qui évente les super pouvoirs des multinationales, on s'aperçoit même si le film a un peu vieilli plus de 35 ans après, qu'il était assez prémonitoire sur cette puissance inquiétante et les prémices de la mondialisation. La préparation fut longue, Verneuil étant un partisan non seulement de la technique mais aussi du détail et du travail bien fait ; après avoir amassé une énorme documentation sur les multinationales et leur fonctionnement, il fallait du brio pour greffer une histoire afin d'élaborer un scénario, ce qu'il a réussi.
Comme toujours, en grand spécialiste du cinéma populaire de qualité, Verneuil sait faire évoluer son intrigue avec une grande maîtrise de façon à la rendre claire pour le spectateur, car le scénario est complexe, il comporte de nombreux personnages et plusieurs ramifications, un peu comme dans son précédent film I comme Icare. Je le compare d'ailleurs à ce film, je les trouve assez similaires dans leur construction dense, c'est le même type d'enquête qui dérange du monde. De ce fait, dans cette folle course à la vérité, l'attention est constamment maintenue avec un suspense parfaitement dosé et une mise en scène très efficace.
N'ayant jamais eu d'affection pour Patrick Dewaere, je le trouve ici parfait dans son rôle de journaliste parti en croisade pour dénoncer des scandales et des magouilles politiques, c'est un de ses derniers rôles, et son jeu est plein d'aisance et de maturité. Il est très bien entouré par de grands acteurs (comme dans la plupart des films de Verneuil), comme Anny Duperey, Michel Auclair, Jean-Pierre Kalfon, Caroline Cellier, André Falcon, Charles Denner, Jeanne Moreau, Fernand Ledoux, et l'Américain Mel Ferrer impeccable dans un rôle de grand patron smart mais glacial. Les acteurs donnent donc beaucoup de corps à ce suspense en forme de thriller qui s'appuie sur les agissements de véritables multinationales tentaculaires, la GTI au nom fictif dans le film, les symbolisant ; quelque part, ça fait froid dans le dos.

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le 29 oct. 2018

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Ugly

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