Vous ne supportez plus les comédies françaises actuelles ? Max Pecas est là

Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu, c’est un peu ce que le film aurait aimé être.


Max Pecas est un grand nom du cinéma français, le maître-étalon pour tous les Cahiers du cinéma et autres du cinéma français bas de gamme, sans d’autres intentions que de divertir (le cuistre!). Il a commencé par des polars, puis des films érotiques et enfin des comédies vaudevillesques. Il a touché à presque tous les mauvais genres du cinéma mais c’est bien dans la comédie que son nom est resté, comme synonyme de la comédie franchouillarde bas de gamme mais populaire.


Cri-Cri est un séducteur mais un peu maladroit, ses infidélités lui retombent toujours dessus. Convoqué chez le notaire, il apprend non seulement qu’il a un frère, Rudy, et une soeur, Carole, mais qu’il est riche. Mais pour toucher l’héritage, il faut retrouver la demi-sœur. Cri-Cri et Rudy vont donc partir à sa recherche, de l’Espagne à la Tunisie, rejoints ensuite par Mercedès, la copine de Cri-Cri.


Ce sont les adolescents typiques des comédies de l’époque, astucieux mais pas trop, un peu maladroits, et aucunement du genre à réviser pour leur bac, plutôt à se prélasser à la plage et rêver des nanas. Des opportunistes qui ne nous apparaissent guère attachants de nos jours, qu’on voit subir des déconvenues sans trop se rouler par terre de rire.


Les deux grands duduches mis à part, quelques personnages secondaires arrivent cependant à égayer le film. Le premier, c’est Mercedès, jouée par une Victoria Abril débutante mais toujours piquante, à l’accent relevée. C’est son premier rôle dans un film français, heureusement ça ne l’a pas empêché de poursuivre sa carrière. Et puis, j’ai honte, mais il y a le personnage de l’archéologue français, puis de son compagnon plus tard, deux grandes folles aux chichiries exacerbées, qui se font des disputes mémorables. Le succès de la Cage aux folles est encore chaud, mais la greffe prend, malgré ou à cause de la caricature.


Effectivement, on ne peut pas dire que l’humour maxpecassien vole bien loin. Un peu de quiproquos (Mercedès qui ne croit pas que Cri-Cri est avec sa sœur quand elle le retrouve avec), quelques chutes (dans un gâteau d’anniversaire, dans une piscine) et surtout beaucoup de personnages tournés en ridicule. Le film leur propose donc de se déguiser en playmaytes souris en rollers pour s’infiltrer dans une petite fête, ou de recevoir des massages thailandais un peu trop énergiques.


Les répliques fusent, peu importe qu’elles visent droit ou pas. Des jeux de mots faciles, des sous-entendus et quelques malentendus, comme les deux frères qui se voient répondre par une hippie en leur demandant si elle savait où était leur sœur : « nous sommes toutes des soeurs ». La meilleure citation étant probablement celle où l’un des deux frères enlève accidentellement le haut d’un maillot de bain féminin : « oh superbe, vous en avez combien comme ça » ? C’est de la Littérature.


Car Max Pecas, c’est aussi de la chair dévêtue, des poitrines à l’air, des fesses rebondies sur l’écran. Le clou de cette gauloiserie étant le passage à un club naturiste, comme de bien entendu. Avec cette réplique : « c’est une fausse blonde et ici on s’y connaît ». Selon le principe Russ Meyer (« tout corps dévêtu répond au fantasme du réalisateur »), Max Pecas les aime fines et aux formes discrètes. De manière générale, ce n’est pas avec ce genre de film que la condition féminine est valorisée : Carole est un boulet, Mercedès a beau avoir du fort caractère, elle pardonne tout à Cri-Cri, et les autres filles sont là pour être jolies.


C’est à ce point plat, que le film ne cherche jamais à avoir le moindre discours, proposer une noisette de réflexion. A un moment, Carole est embrigadée et le cerveau lavé à la javel par une secte. Ce n’est qu’une péripétie de plus, le prétexte à de nouveaux gags.


Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu ne vole pas bien loin. Tous les défauts sont bien voyants. Et pourtant, c’est cette décontraction dans la légèreté qui peut plaire, ou en tout cas satisfaire, en débranchant le cerveau. Le film n’a aucune prétention cinématographique ou de discours. Mais son histoire est bien remplie, et si on ne rit pas, on ne s’ennuie pas trop. C’est un film d’été : bête et léger, qui se regarde comme une émission de TV pour passer le temps, avec un verre (ou plusieurs) de rosé.

SimplySmackkk
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le 13 janv. 2020

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