Metropolis
8.1
Metropolis

Film de Fritz Lang (1927)

Le médiateur entre le cerveau et les mains doit être le coeur

Le réalisateur, Fritz Lang, se rendit aux Etats-Unis en 1924, où il fût fortement impressionné par l'architecture démesurée des gratte-ciels new-yorkais. L'idée de "Metropolis" a germé dans son esprit, mais c'est sa femme Thea Von Harbou qui en a écrit le scénario.

Le film nous montre une mégalopole moderne scindée entre les puissants habitants la surface de la Terre et les ouvriers surexploités et enchaînés à leur machine jusqu'à leur mort, vivant exclusivement en sous-sol. Véritable chef d'œuvre du cinéma expressionniste allemand de l'avant-guerre, le film nous mettait en garde contre le développement irraisonné des techniques futuristes. Il fut pourtant considéré comme un film d'idéologie socialiste car il se termine avec une réconciliation entre le capital et le prolétariat. De nos jours, cette œuvre est plutôt considérée comme prémonitoire de la société nazie que connaîtra l'Allemagne de Fritz Lang, quelques années plus tard et de la barbarie qui s'en suivra.

On a tout dit ­et Lang le premier ­sur certaines naïvetés du scénario, voire quelques ambiguïtés: la réconciliation finale des damnés de la Terre avec le tyran de la mégapole, au pied d'une cathédrale, fait sombrer le film dans l'évangélisme candide et paternaliste. Mais quelle mise en scène! "Metropolis" est une succession de visions hallucinées, qui sont des morceaux d'anthologie. Fritz Lang règle quelques-uns des plus beaux mouvements de foule de l'histoire du cinéma: ondulant comme les tentacules d'une pieuvre, les colonnes de milliers d'esclaves au crâne rasé s'affairent à la construction d'une tour de Babel, une population déchaînée saccage les machines infernales de la mégapole, des grappes humaines, bras tendus vers le ciel, fuient les inondations...

Au delà de la critique du despotisme nazi, dont le film est imprégné, "Metropolis" nous interroge sur l'avenir de nos villes et de leur expansion tentaculaire, les habitations, les moyens de transport, la promiscuité de société diverses: "le melting-pot" des populations.
C'est ce sujet qui fait encore la grande modernité à la vision de ce chef d'œuvre de Fritz Lang. Dans les années 80, le film "Blade Runner" de Ridley Scott, reprendra pour décor cette vision de la mégalopole cosmopolite.

Fritz Lang a souvent déclaré qu'il n'aimait pas Metropolis à cause de sa fin trop simpliste et conventionnelle, une fin qu'il a d'ailleurs toujours renié.
Lorelei3
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le 29 oct. 2011

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