Metropolis
8.1
Metropolis

Film de Fritz Lang (1927)

Alors j'ai tout d'abord été ébloui par la forme, les décors sont incroyables, j'ai trouvé le jeu d'acteur globalement impressionnant (surtout pour les personnages de Maria et du père).
La forme ensuite dans ce qu'elle est visionnaire quand au genre de la science-fiction, les effets spéciaux dont géniaux par leur simplicité, ce qui leur a permis d'assez bien vieillir, et l'idée même de l'humanoïde même si il n'est pas encore développé comme personnage sentient.
Tout cela en fait techniquement un film mythique j'en conviendrais facilement malgré mon peu de connaissance de l'histoire du cinéma.
Mais c'est sur le fond que je coince, et je coince beaucoup. Sûrement à cause de mon attente, je pensais me trouver devant un film défendant la lutte des classes, ou au moins prenant un point de vue ouvrier pour dépeindre l'aliénation du travail, quelle déception.
D'abord par la morale chrétienne portée par le personnage de Maria, sorte de vierge maternelle, opposée à son pendant, un robot pécheresse qui de dénude, qui danse et qui fête. Pour l'époque je ne m'attendais pas non plus à un personnage féminin fort et émancipé mais cette morale représentée par maria s'intègre entièrement au pacifisme accusateur qui m'a le plus dérangé.
Parce que oui faute de perspective ouvrière à la lutte des classe, nous avons droit à un héros aristocrate s'appitoyant sur le sort des pauvres ouvriers et voulant les aider de tous son cœur car il est plein d'amour ! Maria, inspiration d'un meilleur avenir, vend au peuple apparemment incapable de réflexion ou même de leadership, un changement par l'amour plutôt que le violence. Il faudrait donc attendre une initiative aristocrate (Freder) pour aspirer à une transformation sociale, et surtout que cela soit pacifique!
Car les actions du robot, obéissant à un inventeur dont je n'ai pas bien compris les motivations, mènent à une révolte violente des ouvriers contre leurs machines, symboles de leur condition. Révolte présentée comme décérébrée.

Les ouvriers abandonnant leurs enfants pour se lancer dans une démolition vouée à leur propre perte, puisque ici les machines qu'ils détruisent sont directement liées à leur ville.


Sans leader le peuple nous est présenté comme une foule irréfléchie et destructrice, et la seule perspective d'amélioration viendrait d'un lien d'amour entre "les bras et la tête " c'est à dire entre les classes ouvrières et bourgeoises, conformément à une morale chrétienne suintante de paix et d'amour, mais jamais d'une transformation sociale menée par le prolétariat. Je ne peux m'empêcher d'y percevoir une utilisation de la morale dans le but de protéger les intérêts bourgeois.
Enfin, la mise en contexte de l'époque me dit que cette idée de lien entre la classe dirigeante et le peuple tout en rejetant toute initiative prolétaire (et par là toute idéologie socialiste) me rappelle fortement un populisme assez nauséabond utilisé dans la propagande de nombreux mouvements nationalistes.
En bref je garde l'idée de mr Lang comme cinéaste de génie, mais politiquement ce film m'a mis dans un état d'énervement qui m'empêche d'apprécier la forme en faisant fis du fond.

GlenAudouin
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le 27 nov. 2020

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Gleno Douin

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