Trouver la beauté dans la tristesse absolue.

Il est 1h29 du matin, je suis tout seul dans mon lit dans le noir, et j'ai décidé de critiquer Melancholia. Peut-être ne comprenez-vous pas pourquoi cette critique est si spéciale pour moi. C'est seulement parce que je n'ai jamais ressenti le sentiment que j'ai ressenti en sortant de Melancholia. Ce sentiment indéfinissable. Et à présent je dois le définir dans une critique.

La dépression n'a jamais été si bien filmée, si bien interprétée. C'est tellement beau. C'est... waouh, c'est magnifique, Kristen Dunst est magnifique. Sérieusement, je ne peux rien dire sur ça : c'était juste parfait. Non mais j'insiste, la dépression n'a jamais été aussi bien montrée que dans Melancholia. Rien que d'écrire ces phrases, je suis sur le cul. Limite si je suis bouche-bée devant mon ordinateur. Exactement chaque seconde du film, Kristen Dunst exprime une émotion tellement intense et tellement subtile, rien que dans un regard, rien que dans une façon de marcher, de sourire, de parler. Cette émotion, c'est celle qui m'a touchée au plus profond de mon être. La fin est... Attendez j'ai les larmes qui montent. La fin est plus que grandiose ou magistrale. La fin de Melancholia est sûrement la chose la plus belle, triste, intense, bouleversante, absolument indéfinissable que je connaisse. Charlotte Gainsbourg et Kristen Dunst ont mais un Talent, un Talent avec un grand T, un putain de Talent. La vision de Charlotte Gainsbourg dans la scène finale restera ancrée en moi à tout jamais.
Lars Von Trier est peut-être un nazi mais son film est fabuleux. Comme dirait mon prof de philo, "je ne sais pas si vous le saviez mais Heidegger avait la carte du parti nazi, ça ne doit pas influencer votre avis sur sa pensée mais c'est bon de le savoir". La réalisation est géniale (sens propre). Les 5 premières minutes sont parfaites, celles dont tout le monde parle, la première scène dans la limousine est parfaite aussi. J'ai tellement adoré ce film que je le connais déjà par cœur. Alors que je ne l'ai vu qu'une fois.

Le générique apparait à l'écran. Mes mains tremblent, ma respiration aussi. Mes yeux commencent à se remplir de larmes, mais rien ne tombe. Mon cœur bat tellement fort qu'il va me lâcher, je le sens. Je ne dis rien. Je ne dis rien parce que si je dis quelque chose, tout va sortir et je n'ai pas envie de rester dans la salle pendant 10 minutes en train de pleurer sans me contrôler. Autour, on commence à bouger, à prendre sa veste, son gilet. Je ne bouge pas. Mon cœur bat toujours aussi fort. On me dit qu'on sort. Je me lève, mes jambes tremblent comme elles n'ont jamais tremblé. Je marche lentement, si je ne marche pas lentement je tombe. Nous sommes devant le cinéma. Tout le monde fait des commentaires. Je ne parle toujours pas. Je suis dans ma bulle. Une amie me ramène chez moi en voiture. Le voyage se passe presque dans le silence. Je regarde la lune et mon cœur accélère à nouveau. Je sors de la voiture en lançant un "bon allez je rentre chez moi et je pleure !" pour rire. Je rentre chez moi. Et je pleure. Beaucoup. Longtemps.

Cette critique n'est pas longue mais il suffit parfois d'un seul mot pour qualifier quelque chose que l'on a aimé. Ce quelque chose c'est celui qui a provoqué une bombe à retardement dans mon corps. Je n'ai jamais, jamais pleuré après-coup, chez moi, devant ma mère qui ne comprend pas.

Il est 1h54 du matin, je suis tout seul dans mon lit dans le noir, et je viens de critiquer Melancholia.
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