Tel Apocalypse Now avec la chanson « The End » des Doors annonçant le pire, Melancholia commence par la fin, lors d'un prologue accompagné de la majestueuse composition de Richard Wagner, le prélude de « Tristan und Isolde », sur images fixes rendues peu à peu mobiles.
Effectivement, cette longue séquence introduit le récit suivant : la fin du monde dont le commencement se fera au mariage désastreux de Justine, jouée par Kristen Dunst, et qui lui valu d'ailleurs le Prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes, lors de la première sortie du film en mai 2011 à l'occasion du festival – Lars von Trier avait déjà, en 2009, permis à Charlotte Gainsbourg de le recevoir pour son rôle dans Antichrist. Le film est entre le genre dramatique et le genre catastrophique, ce qui permet une lenteur extrême afin d'accentuer le ton dramatique que tient le film tout du long.
Chapitre 1 : Justine
Suite à l'introduction, nous entrons dans le Chapitre 1 : Justine, relatant le mariage de cette dernière, dont le scénario possède des similitudes avec le film Festen, du danois Thomas Vinterberg, puisque dans les deux films certaines déclarations familiales ou certains actes aboutiront à un malaise. Les scènes sont filmés à la manière si singulière du réalisateur, telles des séquences d'un documentaire-fiction, accentuant ainsi l'impression de dérangement conféré par l'ambiance. Chapitre tournant autour de Justine, nous pouvons la voir se décroitre petit à petit en commençant par un regard évasif, puis sa sœur Claire lui priant de ne pas « faire de scène », ensuite par son impulsivité à quitter la soirée et faire attendre ses invités et, enfin, jusqu'au moment où, délaissant son mari lors de la nuit de noce, elle « fugue » vers le terrain de golf avant que celui-ci ne fasse ses bagages et la quitte. A partir du malaise intérieur de ce personnage, le spectateur est empreint à comprendre qu'il se passe un fait extérieur. Une « étoile » rouge attire d'abord le regard de la jeune mariée. Ensuite, tout au long du chapitre, nous pouvons apercevoir des télescopes à plusieurs endroits ou encore, quelques fois, une image en gros plan du visage de Justine observant avec curiosité le ciel.
Chapitre 2 : Claire
Nous arrivons ensuite au Chapitre 2 : Claire, jouée par Charlotte Gainsbourg, sœur de Justine, où nous avons sa perception des choses et son angoisse par rapport à la planète Melancholia, dont l'annonce de son approche de la Terre l'inquiète fortement. Nous sommes donc, temporellement, quelques semaines après le mariage de Justine. Cette dernière revient au château, mal en point. Imperceptiblement, et d'une certaine manière, nous sentons qu'elle vibre des mêmes ondes que Melancholia tandis que Claire, elle, s'affole, malgré les rassurantes paroles de son mari. Ces deux caractères différents suscitent un questionnement fondamental : et vous, que feriez-vous ? Comment vous sentirez-vous ? D'un côté, nous pourrions trouver cela vain de pleurer la vie et de paniquer. De l'autre côté, nous pourrions nous imaginer le pire et espérer profiter une dernière fois de nos instants sur la Terre, comme pour « finir en beauté ».
Nous avons donc une musique en guise de thème principal époustouflante, des images à l'esthétique grandiose – comme celles qui ouvrent le film – dans un lieu approprié qu'est le Château de Tjolöholm, en Suède. Nous pouvons voir la magistrale interprétation de Justine par Kristen Dunst – tout comme les autres acteurs avec leurs personnages, en improvisation dans la plupart des scènes. Et, enfin, un scénario qui tient la route malgré le fait qu'il puisse paraître étrange à certains égards étant donné que nous avons, en premier, l'histoire d'une famille et, en second, l'histoire d'une planète approchant le monde. Mais toute deux s'établissant en un parfait parallélisme devenant Melancholia.
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