Prologue
Si vous n'avez jamais visionné Melancholia, préservez-vous de toute bande-annonce et synopsis, tenez-vous en à ce petit prologue. Au mieux, sautez l'introduction du film (regardez-là à la fin). Seulement dans ces conditions, vous serez surpris par le bouleversant récit hybride de cher Lars Von Trier.
Parlons Coronavirus pour être original
C'est suite à deux visionnages que je me décide enfin de tremper la plume dans l'encre à propos de la fabuleuse et dépressive histoire siamoise qu'est Melancholia. La première distinction de cette oeuvre est en effet son caractère hermaphrodite. Ici le drame familial mue en un glaçant récit de science-fiction auteuriste et maniéré qui fait dans l'abstinence. Par deux fois, j'ai terminé mon expérience de cinéma en rampant, complètement frustré et angoissé par ce qui pourrait arriver de pire dans mon cercle fermé comme dans cette bulle de biosphère perdue au milieu de l’infiniment grand.
Ce deuxième visionnage me torture de plus belle - dans sa thématique comme dans sa mise en scène - essentiellement parce qu'il s'inscrit aussi dans cette trop peu médiatisée pandémie actuelle qui masque nos bouches et nos esprits. Ces derniers commençaient tout juste à se focaliser sur cette énième crise écologique pour le moins préoccupante.
Écologues et psychanalystes chantent en cœur ces expressions de parisiens pro-pâte à tartiné sans huile de palme : eco-anxiété, burn-out militant, solastalgie et peur chronique d'un environnement condamné. Puis Lars von trier ajoute à la mélodie cette terrifiante planète venue d'ailleurs, qui symbolise cette effroyable fatalité : l'Amour envers une famille, envers son berceau de vie a bel et bien une fin. Tragique, qui plus est. Ce n'est pas Murphy qui contrariera le cinéaste danois.
Que l'on apprécie ou non, Lars von trier parvient à faire vivre un calvaire lattent ; la tragédie et le cataclysme se font dans la progression et un calme omniprésent. C'est finalement ce qui est le plus réaliste et le plus terrifiant.
Puis la pyrotechnie et la foule paniquée qui habillent d'ordinaire les productions hollywoodiennes laissent ici place à une peur intime et paralysante devant l'inévitable. On fait face à l'impuissance.
La représentation de cette douloureuse expérience humaine qu'est la mélancolie est représentée à merveille dans ce drame pré-apocalyptique. Les protagonistes qui sans cesse guettent la taille de la monstrueuse planète, se superposent parfaitement avec la veille obsessionnelle faites sur la crise sanitaire et écologique que l'on fait tous actuellement. On pourrait également réaliser la même comparaison avec la communauté scientifique ; elle qui se targue de ses connaissances en matière de prévisions.
Quant à l'aspect technique, Melancholia se définit par cette série de jump-cut ininterrompue et cette introduction picturale et contemplative servant un engagement semble t-il anti-conformiste. Ou alors est-ce là le reflet d'un cinéaste vaniteux ?
Conclusion mélancolique pour une oeuvre mélancolique
Melancholia pousse le pessimisme à son paroxysme, ce qui dépeint en passant nos sociétés modernes ultra-transformées dépassées par les événements, qui voient leur verre à moitié vide et qui nagent dans un vaste océan de dénie et de pollution.
Euh bonne journée.