Métamorphose narcissique
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Le savoir-faire de Todd Haynes est toujours intact, et notamment sa manière de capitaliser sur les moments a priori creux ou encore digressifs de son intrigue principale (en l'occurrence, ici, les papillons et les gâteaux), mais May December est de loin de pouvoir rivaliser avec les meilleurs films du cinéaste, à commencer par Carol. Quel est d'ailleurs son sujet ? La récupération par le monde du cinéma d'une liaison scandaleuse qui a fait les gros titres des journaux, deux décennies plus tôt, ou bien l'analyse des dysfonctionnements d'une famille davantage décomposée que recomposée ? Un peu des deux, sans doute, avec le projecteur plus particulièrement braqué sur l'exercice de vampirisme exercé par une actrice sur la femme qui a été hier l'objet de l'opprobre. Avec Julianne Moore et Natalie Portman en têtes d'affiche, l'on était en droit de s'attendre à un véritable duel mais celui-ci se circonscrit à quelques assauts à fleurets mouchetés. Au point, d'ailleurs, que l'intérêt dévie vers l'homme qui se retrouve en quelque sorte entre les deux femmes, incarné par le remarquable Charles Melton. Constamment en attente d'une grande scène qui susciterait un surcroit d'émotion, il y a malheureusement une certaine frustration sur cet aspect. Par ailleurs, le plus gênant dans tout cela, et Haynes n'y est pour rien, est le thème principal de l'accompagnement musical du film qui fait plus que penser à celui, célèbre en France, de "Faites entrer l'accusé."
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Créée
le 28 mai 2023
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