Après la très belle surprise que constituait Nous trois ou rien et son équilibre parfait entre humour et émotion, Kheiron passe donc l'épreuve toujours difficile du second film avec Mauvaises herbes qui réuni à son casting deux grands noms du cinéma français avec André Dussolier et Catherine Deneuve. Un second film qui une nouvelle fois se construit entre rires et larmes mais qui malheureusement ne retrouve pas cette petite étincelle de magie qui faisait flamboyer le premier long métrage du réalisateur.
Dans Mauvaises herbes , on suit Waël un ancien gamin des rues qui vit de petites arnaques avec Monique une femme à la retraite qui l'a pris sous son aile et avec qui il partage son quotidien. La vie de Waël va basculer lorsque qu'une connaissance de Monique lui offre un boulot d'éducateur auprès de gamins en difficultés et exclus du système scolaire pour absentéisme, indiscipline ou insolence ...
Si il y-a bien une chose que l'on ne pourra pas retirer à Kheiron c'est cette évidente tendresse et sincérité qu'il porte à ses personnages qu'il filme toujours avec beaucoup de générosité. Il y-a notamment dans le parcours de Waël enfant beaucoup d'émotion et de force qui font que l'on retrouve partiellement le Kheiron de Nous trois ou rien. Cette simplicité, cet amour des gens, ce sens de la comédie teinté d'émotion on la retrouvera aussi dans toutes les scène durant lesquelles le personnage de Waël est confronté à ses jeunes bien plus paumés que vraiment méchants, malgré le côté un peu artificiel et très United colors of Benetton d'un groupe qui ressemble au début d'une mauvaise blague du style "Alors c'est un arabe, un noir, une juive, un gitan, un indien ...." Si Mauvaises herbes reste un film agréable il est aussi totalement plombé par quelques séquences et sous intrigues qui ne fonctionnent pas du tout (Les éléments de langage piqués à La petite maison dans la prairie) ou sont tellement en marge de l'axe narratif principale du film que l'on se demande ce qu'elles viennent faire là comme le concours de danse avec Waël déguisé en petit vieux (??). Le plus embêtant reste cette intrigue avec le flic pourri qui pour moi ne fonctionne jamais à l'écran et qui ressemble donc à un vague prétexte pour apporter une dimension dramatique tellement factice qu'elle finît par plomber le film tout entier jusqu'à un final tellement grandiloquent qu'il prête plus à sourire qu'à s'émouvoir...
On oubliera donc assez vite ce second essais pas vraiment transformé pour attendre de pied ferme le troisième film de Kheiron afin de voir de quel côté penche la balance et savoir si Nous trois ou rien était un miracle ou Mauvaises herbes un incident de parcours.