Et la franchise se poursuit avec la sortie d’un tout nouvel opus, dont le titre annonce cette fois-ci un virage à 180° ! « La nouvelle génération » (« The Return of the Texas Chainsaw Massacre » en VO), qui indique clairement que ce film n’a aucun but que celui d’étendre la continuité établie par le premier épisode (déjà que le troisième se présentait à nous comme une sorte de remake non assumé). Que l’objectif de ce film, en plus d’être lucratif (bien évidemment), est de présenter Leatherface et sa famille à une toute autre ribambelle de spectateurs. Qu’il est temps de moderniser l’ensemble. Bref, d’assurer pleinement l’héritage du long-métrage de Tobe Hooper. En voyant ce film, il aurait peut-être mieux valu ne rien faire du tout, car l’héritage en question est bafoué à jamais !

Pourtant, en voyant ce que cet opus propose, nous avions un peu d’espoir d’avoir un film qui puisse faire remonter la pente à cette franchise en perdition. S’ils n’étaient pas aussi connus qu’aujourd’hui, avoir en tête d’affiche Renée Zellweger (Le journal de Bridget Jones) et Matthew McConaughey peut encore attirer les curieux de nos jours. Ceux qui voudraient se pencher sur les débuts de ces comédiens via ce film réalisé de Kim Henkel, le scénariste du tout premier opus. Qui mieux que lui pour faire de Massacre à la Tronçonneuse : La nouvelle génération un divertissement arrivant à la cheville de son modèle ? C’est ce qu’il était possible de croire avant de voir le massacre orchestré par ce même homme…

Le cinéma hollywoodien a, semble-t-il, toujours pris les adolescents pour des timbrés de la société. Des pigeons à qui il est facile de vendre d’immondes nanars qui sont censés les représenter. Si beaucoup de blockbusters (telle que la saga Twilight) ou de comédies potaches (American Pie, Sex Academy) ont participé à la caricature des jeunes boutonneux aux hormones explosives et en quête de sensations fortes, ce Massacre à la Tronçonneuse enfonçait déjà le clou à son époque (1994). Ici, quatre étudiants, revenant d’un bal de promo, se perdent dans les bois. Déjà que ce début sonne cliché, une question nous vient à l’esprit : comment se sont-ils paumés alors qu’ils sont censés prendre le chemin inverse, vu que pour rentrer, ils doivent prendre la même route qu’à l’aller ? Mais comme on est un adolescent, on se fiche de toute logique ! On passe plutôt son temps à se lancer des vannes et des gamineries, à agir bêtement (comme s’arrêter en plein milieu de la route alors que les autres courent après un véhicule, ou d’accepter de monter dans une camionnette alors que le chauffeur n’a rien de rassurant), à brailler à tout-va au point de vous casser les oreilles… Un déluge de débilités exaspérantes au possible qu’affectionne le scénario sans s’en soucier un seul instant.

Ce dernier va même encore plus loin en nous présentant une famille de psychopathes encore plus ridicules que leurs victimes. Si le second film arborait un second degré à la limite du grotesque, cet opus touche le fond de la médiocrité en matière d’humour noir. Allant jusqu’à singer, voire commettre bon nombre de sacrilèges, sur les personnages créés par Tobe Hooper. Avec cette Nouvelle génération, les membres de la famille Sawyer (à supposer qu’elle se nomme ainsi) n’ont jamais fait autant pitié qu’ici : « l’homme de la maison » qui n’est qu’un fou furieux ne faisant que gueuler sans raison (McConaughey, à l’époque, tu étais très loin de mériter l’Oscar du Meilleur acteur…), la « femme au foyer » en mode bimbo couguar de compétition… mais le pompon revient à la figure emblématique de la franchise qu’est Leatherface. Le célèbre tueur à la tronçonneuse ne fait ici que pleurer et être effrayé. Et, cerise sur le gâteau, se travestit ! Et tout cela pour quoi ? Pour un scénario qui suit scène après scène (pour ne pas dire plan après plan) ce qui a été fait dans le tout premier film, reprenant ses moments forts (la première attaque de Leatherface, la poursuite dans les bois, le dîner, la fuite de la survivante, le plan final) mais en les rendant indigestes par le biais de ce « n’importe quoi » démesuré. Et comme si cela ne suffisait pas, le film s’offre l’intervention d’un personnage sorti de nulle part, qui confirme le côté sans queue ni tête de l’ensemble. Un ajout incompréhensible qui clame haut et fort, par le biais d’une réplique, que « nous savions ce que nous faisions, que c’était de la merde, mais nous l’avons fait quand même ». En gros, ce Massacre à la Tronçonneuse était destiné à un tel résultat, donc allez vous faire voir, spectateurs naïfs !

Bref, Massacre à la Tronçonneuse : La nouvelle génération est un odieux doigt d’honneur à tous les fans de la saga, du cinéma d’horreur et de n’importe quel autre spectateur. Un carnage sans nom qui perd son temps avec des conneries adolescentes et qui bousille en un clin d’œil la franchise toute entière par son manque de respect. Ajoutez à cela une mise en scène débile au possible (les personnages qui usent d’une lampe torche alors que les éclairages du tournage rendent le décor suffisamment lumineux pour voir) et le monde de Leatherface vient de sombrer à tout jamais…

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