Texas Chainsaw Massacre s’obstine à revisiter une œuvre culte en recyclant son personnel narratif, en l’occurrence ici Sally Hardesty, rescapée de la boucherie originelle, qui refait surface sous les traits d’une mamie aigrie et armée. Cette figure, c’est la Laurie Strode de la saga Halloween, brillamment ressuscitée par David Gordon Green en 2018 ; c’est la Sarah Connor de Terminator : Dark Fate (Tim Miller, 2019) ; c’est la Sidney Prescott de la dernière tambouille Scream (Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, 2022).
Bref, la recette n’est pas nouvelle et échoue ici à se réinventer ; de plus, le choc des générations censé opposer un vieux mythe texan à une jeunesse sceptique et aveuglée par la technologie ne dépasse jamais l’effusion de sang sadique pour dire quelque chose de l’évolution d’une violence réactionnaire causée par un groupe non plus libertaire – tel était le cas du film de Tobe Hooper – mais liberticide, soucieux de faire la morale aux hommes du coin, de les insulter sans vergogne. Dans les deux cas nous retrouvons un viol de la propriété privée, occasionnant cette fois l’expulsion puis la disparition de la gérante du pensionnat ; pour autant, rien de neuf sous le soleil écrasant du Texas, sinon l’idée d’une ville fantôme peuplée de spectres historiques. Une poignée de séquences au gore prononcé ne saurait rattraper la lourdeur d’une production desservie par des personnages sans profondeur véritable – le pire étant ici le traitement réservé au traumatisme, par flashbacks interposés – et par une clausule ridicule.
De façon générale, le film a perdu la spontanéité terrifiante du premier opus, devant lequel nous avions l’impression de réalisme poisseux ; le bruit de la tronçonneuse est masqué par une musique au demeurant médiocre ; l’iconisation du monstre s’avère approximative, tantôt vite expédiée (la projection de l’arme sur le pare-brise) tantôt ampoulée (le champ de tournesols, le dernier mouvement qui plagie Hooper sans atteindre sa puissance traumatique). Reste en mémoire l’humanisation de Leatherface, lors de scènes intimistes plutôt réussies.