Je ne vous cacherai pas que la première utilité de cet avis est de permettre à la fan inconditionnelle de ce film que je suis de dire "J'ai vu Massacre à la tronçonneuse sur grand écran, wouhou !". Ceci étant fait je vais quand même vous lâcher deux trois mots sur mon film d'horreur préféré, le premier et de très loin le meilleur long-métrage de Tobe Hooper, même si "Funhouse" sorti quelques années plus tard reste à voir.


Je traîne un peu malgré lui mon cher et tendre jusqu'à la salle obscure, lui à qui j'ai déjà fait découvrir Massacre... sans grand succès. Il a les esgourdes sensibles.
J'essaie de réfréner l'envie de poser des baffes à tire-larigot aux trois nigauds installés derrière nous dont le niveau de nuisance sonore ne semble avoir d'égal que l'avancée de l'acné juvénile dévorant leurs visages parsemés de cratères. Massacre à la poinçonneuse, sûrement.


Et là démarre le film. Bim, la séquence d'ouverture dans le cimetière profané, sur fond de soleil levant et d'ossements grotesquement assemblés, toujours aussi efficace mais qui ici prend tout son envol. On entre dans le film, l'ambiance nous happe. Derrière ça ricane encore un peu pour montrer aux gourdasses qui les accompagnent que nos loustics "on a pas peur, on est pas des tapettes wesh!" mais bientôt, l'apparition de Leatherface leur fera fermer leur clapet. Merci mec.


Et c'est bien ce premier meurtre, celui du brave Kirk parti se baigner et qui se voit mécaniquement exécuté telle une vache à l'abattoir, explosion violente, attendue mais soudaine, glaçante... qui reste le passage qui me terrorisait déjà lors de mon premier visionnage, à un âge surement trop jeune, et que je continue de trouver d'une force incroyable.
Suivront ceux de ses camarades, mention spéciale à celui de Franklin qui, en plus d'être, malgré le titre de l'oeuvre, le seul occis à la tronçonneuse, reste surtout celui que l'on attendait le plus.
Effectivement à l'époque, on n'était pas forcé de faire du mec en fauteuil le héros cool, courageux et qui ne se plaint jamais. Ici il est tellement insupportable que l'on a qu'une envie : traverser l'écran et faire le sale boulot nous-même.


Puis vient le point d'orgue du film : l'affrontement entre Sally et Leatherface, ses deux cinglés de frères et leur trop moribond grand-papa. Et c'est là toute la force de Massacre à la tronçonneuse qui ne réside pas dans une quelconque explosion de gore - le film n'est pas très sanglant finalement, mais dans sa débauche de folie glauque, malsaine, qui met mal à l'aise et semble sans issue possible. Impensable de vouloir négocier ou tenter d'amadouer d'aussi gros malades. Suite à ça, j'ai passé ma pré-adolescence à fuir tout vieillard trop fripé. Merci Tobe.


La trouvaille de Tobe Hooper, c'est de compenser un faible budget ne permettant pas de s'offrir une BO à vous décoller de votre siège, par le choix comme arme d'une tronçonneuse au bruit effrayant comme c'est pas permis et en faisant hurler à plein poumons son héroïne (la scream queen Marilyn Burns) pendant toute la dernière demie-heure, ce qui en plus de nous communiquer sa peur, finit par nous mettre sur les nerfs, assaillis de bruit et de fureur comme nous le sommes, on est DANS le film. Avant cela, on a déjà le générateur électrique auquel mes tympans ne disent pas merci.
Certains comme celui à côté de moi trouvent ça assez insupportable sur la fin, moi je pense que c'est ce qui rend le film efficace en diable... On en ressort toujours un peu lessivé de Massacre à la tronçonneuse.


L'avoir vu au cinéma me fait encore plus apprécier ce film, il y est plus impressionnant et les quelques défauts qu'il pourrait avoir, comme des acteurs plutôt faiblards, me passent largement au-dessus de la tête tant cette oeuvre me happe à chaque fois. Je trouve qu'il ne vieillit pas, j'en veux pour preuve son remake récent, certes regardable, mais tellement fade et aseptisé en comparaison.


Ce flm est une réussite horrifique comme il y en a peu.


Je repars en notant le silence chez les boutonneux associés et en assurant au désormais sourd comme un pot m'accompagnant que les boules Quiès ne seront pas nécessaires pour notre prochaine séance ciné, et, au fait...


J'AI VU MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE SUR GRAND ECRAN ! WOUHOU !

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le 3 nov. 2014

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Pravda

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