Qu'est-ce que je l'attendais ce film ! Je l'attendais avec, à la fois, l'impatience juvénile d'une enfance passée devant Chihiro et sa clic et la crainte montante et paradoxale de voir une parodie d'un Ghibli.  J'ai évité les bandes-annonces après un premier trailer qui me laissait une sensation de déjà-vu et j'ai couru au cinéma une fois que mon cinéma de campagne, deux mois après la sortie du film, a décidé de projeter l'animation. 
Et qu'est-ce que je sors du film en sortant ? Rien, si ce n'est la conservation de ce sentiment de déjà-vu.
Au-delà du style visuel que je ne peux pas vraiment critiquer (le réalisateur du film a travaillé comme character-design pendant des années chez les Ghibli : il n'a pas copié le grand studio, il a simplement pris son style dans sa valise et a créé son propre studio à côté), la sensation de voir un Ghibli est visible de partout : dans les thématiques du film, dans le caractère des personnages, dans les enjeux, dans le design des personnages ainsi que des créatures. Mais la sauce ne prend pas.
Surtout que le film est cruellement court et tous les échanges entre les personnages (Mary et Peter en tête, dont l'amitié se fait en un claquement de doigt) sonnent factices puisqu'on ne les développe jamais. Les personnages ne sont pas attachants, se résument à un archétype qui tient sur un post-it et fait tout juste le taff ; et l'histoire qui les accompagne ne sauve franchement pas le tout.
Mary est nouvelle dans une ville, elle découvre une fleur, va dans une école, l'école est méchante, elle contre-carre les plans et retourne à sa vie banale. Ok, on pourrait résumer n'importe quel film Ghibli en une phrase également, mais les Ghibli regorgent de détails mais aussi et surtout prennent le temps de poser leur histoire. En 1h40 de film, on n'a rien le temps d'exploiter : l'histoire est survolée comme jamais. Les bandes-annonces décrivaient l'école des sorciers comme un lieu magique et extraordinaire, mais forcé de constater que si le film s'était déroulé dans un laboratoire scientifique, ça n'aurait pas changé grands choses : les élèves servent de fond, Mary n'assiste à aucun cours et se contente d'une visite brève de deux/trois classes avec deux profs (les deux seuls profs de l'école, j'imagine) avant de s'en aller. 1H40. Ça aurait mérité une grosse demi-heure supplémentaire facilement.
Alors voilà. Un film déjà-vue, bourré de références j'ose espérer involontaires à Ghibli (il est possible que je sois un peu parano sur les bords quant aux références, mais certaines m'ont crevé les yeux), à l'histoire banale et aux personnages plats, dont on ressort sans rien en tirer, ni la moindre émotion, ni la plus infime morale quant à l'histoire qu'il nous compte. Cruellement inutile, le film plaira aux enfants et aux néophytes de Ghibli (ou de n'importe quel studio d'animation japonaise). Espérons au moins qu'il aura réussi à remplir les poches de Ponoc qui pourra nous servir dans quelque temps un film ne serait-ce que consistant.

Ensuite, peut-être que je place mes exigences trop hautes et que le film n'avait pas d'autres intentions qu'à être sympathique pour un public plus jeune. M'enfin.

leaneadelaide
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le 19 avr. 2018

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L'Ours Kodiak

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