L'as du chronomètre joue à la roulette allemande

Seconde collaboration du réalisateur de Macadam Cowboy avec Dustin Hoffman, Marathon man est un Thriller paranoïaque intelligent qui ne prend jamais la peine de mâcher la réflexion à son spectateur. Son écriture est redoutable, sans cesse faite de faux semblants et de pistes infinies qui ne font que renforcer un mystère s'épaississant constamment. Perturbant dans sa narration, à l'image de sa première heure qui est un modèle d'efficacité, tant dans l'exposition qui y est faite de tous ses personnages, que dans sa capacité à ne rien nous faire comprendre, il convient de s'impliquer pour voir le tableau se dessiner un peu plus clairement. Et au moment où les cartes semblent se distribuer enfin, le film bascule dans une chasse à l'homme palpitante. Bien plus qu'une poursuite classique, cette dernière est mue par des forces insaisissables, qu'une métaphore presque fantastique dessine parfois, lors d'un long passage à l'atmosphère envoûtante dans un splendide opéra parisien, qui semble investi d'une présence volatile qu'un simple ballon jouant du rebond se charge d'illustrer.

C'est dans cette histoire troublante que s'active le duo par lequel le film a fait, entre autre, sa réputation. Confrontation de deux styles, de deux générations, entre le travailleur acharné Dustin Hoffman et le natural born actor, Laurence Olivier qui campe à l'écran le Dr Szell, l'un des méchants les plus ignobles que le cinéma a mis en image. Les deux hommes offrent à John Schlesinger des moments si poignants que l'un d'eux, la célèbre séquence où Szell joue de la roulette pour faire parler son petit cochon (facile, je sais), jugée trop incisive à la sortie de projections tests, a été écourtée au montage final.

Autour des deux têtes d'affiche, on retrouve des acteurs dont on peine généralement à remettre le nom mais que l'on aime voir à l'écran. C'est par exemple amusé que l'on retrouve William Devane la gueule la plus marquante de Côte Ouest (vous savez, cette série que regardaient nos mamans en début d'après midi quand on était petits), en salaud de première, mais aussi, et surtout, Roy Scheider, impérial en frangin espion que l'on croirait tout juste sortie de la pesée de son prochain combat poids moyen. C'est avec son physique athlétique qu'il offre au film l'une de ses plus belles scènes, à savoir un duel au filin d'acier dont les rideaux d'une belle suite parisienne ne sortiront pas indemnes.

A toutes ces qualités, qui font de Marathon man une séance marquante, vient malheureusement se greffer une dernière partie manquée qui l'empêche de côtoyer les cimes. Et même s'il est, par sa nature et la très belle tenue de son ensemble, une référence incontestable du genre, son dénouement peu inspiré laisse un sentiment amer en fin de séance. Toutefois, devant la belle inspiration qui domine à l'écran, il serait bien ingrat de ne garder en mémoire que sa faiblesse finale. John Schlesinger signe avec Marathon Man une référence évidente en terme de thriller paranoïaque en plus d'avoir mis en scène l'un des duels d'acteurs les plus marquants de son époque.
oso
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le 30 juin 2014

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