Autorisons-nous, aujourd’hui, une escapade dans la Grande Pomme, sur la route des sentiments, que Woody Allen sillonne depuis plus de quarante ans maintenant, avec un rythme impressionnant. Si beaucoup de connaisseurs semblent aujourd’hui déplorer l’évolution suivie par la filmographie du cinéaste, beaucoup s’accordent sur le statut que Manhattan tient au sein de celle-ci, celui d’un incontournable.


Devant nos yeux, New York commence à s’animer. Dans un noir et blanc un brin nostalgique, nous (re)découvrons la ville, alors que la voix de Woody Allen accompagne les images. Chapitre un. Tentant autant que faire se peut, il entame et recommence sans cesse à écrire ce premier chapitre, toujours pour une bonne raison. Il ne faut pas plus de quelques plans et de quelques lignes de dialogue pour comprendre que nous sommes bien chez Woody Allen. Alors que le décor est installé, les intrigues et sous-intrigues basées sur diverses histoires de cœur vont occuper notre attention pendant le reste du métrage, pour permettre au cinéaste d’offrir une nouvelle réflexion sur les sentiments et les rapports humains.


Ici, les histoires d’amour naissent et meurent, on parle de ruptures, d’expériences passées, d’espoirs et de déceptions, on s’enflamme et on se torture. Dans Manhattan, les sentiments sont inconstants, irrationnels, impulsifs, entrant sans cesse en collision avec les conventions sociales. Un homme de 42 ans ne peut raisonnablement pas sortir avec une fille de 17 ans, une rencontre donne lieu à une relation extra-conjugale qui provoque remords et doutes… Chacun est confronté à ses propres pulsions et sentiments, tour en devant se contraindre à agir selon les conventions. Mais dans ce monde d’apparences, c’est bien la nature profonde de chacun qui prend le cas. Et c’est ainsi que Woody Allen décrit le quotidien de Manhattan.


Ici, Woody Allen décrit plusieurs histoires d’amour, chacune ayant ses spécificités, permettant d’exploiter des situations différentes en ce genre. Le but du cinéaste est de mettre en lumière les différentes facettes des sentiments, selon les situations, n’hésitant pas à malmener ses personnages, mais ne cherchant jamais à porter de jugement sur eux. L’utilisation du noir et blanc, si elle peut évoquer une atmosphère passée et nostalgique, permet aussi de donner à Manhattan un côté intemporel. Et nul doute que c’est l’un des aspects les plus réussis du film, avec une très belle photographie, apportant de la poésie au film, et donnant lieu à de très beaux plans.


Manhattan est un bien beau film, dont on comprend aisément pourquoi il a un tel statut dans la filmographie de Woody Allen. Douceur et poésie règnent dans cette atmosphère éthérée et mélancolique, où la maladresse du personnage de Woody Allen, souvent caractéristique des personnages qu’il joue dans ses propres films, apporte cette touche de comique, de charme et d’authenticité qui se diffuse dans tout le métrage. Une belle escapade hors du temps.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus en 2019 : Aventures cinéphiles

Créée

le 29 oct. 2019

Critique lue 84 fois

1 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 84 fois

1

D'autres avis sur Manhattan

Manhattan
Sergent_Pepper
8

Sad love in New-York

Considéré par beaucoup comme représentatif de la quintessence du cinéma de Woody Allen, Manhattan est pourtant, sur bien des points, une œuvre atypique. Le splendide prologue concentre toutes ces...

le 23 sept. 2017

62 j'aime

Manhattan
Rawi
9

Entre deux femmes...

...faire le bon choix ! Fantaisie dramatique Depuis Annie Hall, Woody Allen a gagné en profondeur et en humanité. Il ne se contente plus de faire du comique pour faire rire mais il dissèque les...

Par

le 6 févr. 2016

55 j'aime

6

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 8 juil. 2012

46 j'aime

1

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

74 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

41 j'aime

5