Mange
5.6
Mange

Téléfilm de Virgile Bramly et Julia Ducournau (2012)

Nous faisons tous des erreurs. Et parfois ça fait du bien de les faire. Et cela même quand on sait préalablement que c’en est une. C’est paradoxal mais c’est comme ça. Je crois que c’est le message principal de Mange qui, malgré son manque de moyens, n’en est pas une. Bien au contraire.


Avant de secouer la France et le cinéma de genre avec Grave, Julia Ducournau fit ses dents avec ce téléfilm qui, à mon sens, démontre déjà de son talent et surtout qu’elle est complète. Des dialogues à la mise en scène, en passant par le montage et les différents tons donnés, Ducournau montre qu’elle sait écrire et appliquer. Avec justesse. Sans excès.


Laura, avocate, ancienne grosse surnommée au lycée «Laura dans l’cul», survit chez les Outremangeurs Anonymes. Son club de boulimiques. Mais alors qu’elle s’apprête à célébrer sa première année d’abstinence, rejoint celle qui a jadis ruiné sa vie en lui attribuant le fameux surnom : Shirley, ironiquement devenue boulimique.


Au-delà de ce scénario-revenge qui est facilement jouissif, c’est en particulier la non-négligence du fond qui m’a rassasié. Notamment avec cette sous-intrigue de la relation "belle-mère/belle-fille". Rattrapage d’une amitié forte qu'elle n'a jamais eu durant l'enfance.


Le rattrapage. Tout en est question. Dans sa quête de vengeance, celle de faire tomber Shirley dans le vice de la drogue et de l’adultère, Laura va surtout rattraper sa jeunesse. Dans son stratagème machiavélique, où elle doit elle aussi "manger", elle reprendra goût à la vie. Elle se raccroche à ce qui lui apporte un peu d’adrénaline malgré l’aspect nocif (la coke, sa rancœur d'apprécier la compagnie de quelqu'un qu'elle se doit de détester). Elle s'émancipe en assouvissant ses pulsions si destructrices soient-elles : pas le temps pour les regrets. Et pour ça, le parallèle avec la bouffe tout le long est génial jusqu’à ce dernier acte aussi malaisant que maléfique.


Bref, c'est bien la finesse d’écriture du projet qui hisse ce long-métrage au rang de très bon téléfilm. Malheureusement, il faut être lucide, les moyens font que l’œuvre n’a pas l’impact qu’elle mérite et on regrettera de ressentir une certaine retenue dans les moments de folies ou d’excès ainsi que des jeux inégaux.


Dans tous les cas, si t’as aimé Grave et es intéressé par les premières esquisses de la réalisatrice : mange Mange.

Alex-La-Biche
7
Écrit par

Créée

le 8 avr. 2021

Critique lue 1.5K fois

11 j'aime

2 commentaires

Alex La Biche

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

11
2

D'autres avis sur Mange

Mange
Fatpooper
5

La vengeance est un plat qui se vomit

Pas déplaisant à suivre.Mais c'est un peu mou, ça ne va pas assez loin. Le concept de faire intervenir l'héroïne jeune sous forme de fantôme ou d'hallucination est plutôt sympa mais ses intervention...

il y a 5 jours

1 j'aime

Du même critique

Amadeus
Alex-La-Biche
9

Mozart Fucker

Moi, je m'en tamponne la clarinette de Mozart. D'autant plus qu'il ne s'agit même pas d'un vrai biopic sur le compositeur, mais simplement d'une adaptation éponyme d'une pièce de théâtre signée Peter...

le 22 oct. 2014

117 j'aime

36

Mommy
Alex-La-Biche
10

Mommy fait bander

"- Ce soir je vais à la projection de Mommy" - Ah tu vas voir La Momie ! - Non Mommy. - Bah le truc égyptien ? - Non, le dernier film de Dolan. - Ahh celui qu'à fait les Batman ?! - Euh... Non lui,...

le 30 sept. 2014

110 j'aime

38

Chambre 12
Alex-La-Biche
2

Chambre Bouze

Remarquée en 2013 dans l'émission beauf la plus tendance du moment, The Voice, la plus belle voix, où elle atteint la demi-finale, Louane obtient une plus grande notoriété en 2014 grâce à son premier...

le 1 juil. 2015

101 j'aime

40