La redite a ses bons côtés, et ses mauvais. Ce n'est pas un problème de revenir en long et en large sur une histoire aussi nécessaire et forte que celle de Nelson Mandela, de la figure de liberté qu'il incarne ; une figure qui est parfois trop "angélisée", mais je vais y revenir plus bas. Malgré la bien-pensance générale... le plus grand respect que je pourrais avoir à l'égard de cet homme de paix serait de ne pas peser mes mots un après un, et d'y aller aussi franco que possible.
Ce n'est pas le biopic et ce qu'il représente en tant que tel qui m'a sensiblement agacé, ni même les prestations des acteurs qui sont plutôt convaincantes, ou encore la tension qui s'installe de décennie en décennie qui s'avère réussie.
Je me suis simplement demandé l'utilité de ce film.
Idris Elba n'est pas du tout ridicule dans la peau de Madiba, mais en arrivant au bout du tunnel et en voyant la lumière, le spectateur que j'étais n'en savait pas plus sur cet être adoré des siens et de tous d'ailleurs. Sa grandeur d'âme, même si il y a de l'effort, je ne l'ai pas perçu comme je l'espérais. Son génie politique, trop souvent oublié, ne trouve pas ici les lettres de noblesse qu'il aurait tant mérité à l'écran.
J'accuserai presque ce traitement d'être fade.
Ca manque d'un caractère propre. La réalisation de Justin Chadwick est impersonnelle, il a l'air peu inspiré et se laisse brouiller par la sphère d'Hollywood, me donnant l'impression pour un bon nombre de scènes de revoir certains biopics avec tout ce qu'il faut de clichés pâteux. Et ses scènes attrape-l'oeil dans des paysages fabuleux qui veulent éblouir pour mieux détruire, comme si ces moments étaient indispensables pour raconter la vie d'un homme. Je dis non. Il faut savoir dissocier l'émotion "maniérée" de ce long-métrage que je n'applaudis pas ; et l'émotion "profonde" que procure cette lutte contre la haine raciale, de ces familles meurtris et démunis, et de ce pays qui en est ressorti grandi. Ca, j'applaudis.
Dommage que l'exploration de cet héritage sud-africain fasse preuve d'académisme, et que le réalisateur ne soit pas parvenu à apporter sa petite touche à l'édifice...