Une relecture fébrile mais consistante

Bon, autant l'avouer tout de suite, je n'ai jamais été fan de Superman, c'est le super-héros trop parfait, trop invincible, trop lisse, bref l'exact contraire de Batman que j'ai toujours préféré. Mais il fut le premier de tous, et peut-être que sans lui, les autres n'auraient pas été crées ; j'ai lu de nombreux comic books dans mes jeunes années, et vu les différentes versions ciné dès 1978 avec les films où il était incarné par Christopher Reeve.
Le premier visionnage de ce film à sa sortie en salles m'avait passablement ennuyé, je l'ai revu très opportunément à l'occasion de la sortie de BvS, et je dois dire que mon jugement hâtif a été sensiblement modifié, comme quoi il faut revoir des films, même ceux qui ont déçu, car ils peuvent cacher des trucs intéressants, ou parfois on a l'esprit ailleurs, et en cinéma je ne me fie pas toujours à ma première impression. Attention cependant, je ne vais pas non plus bondir au plafond en clamant partout que ce film est génial, mais il a assurément un intérêt certain.
Etre ou ne pas être un super-héros ? telle est la question existentielle que se pose Clark Kent, orphelin de la planète Krypton tandis qu'il grandit dans une ferme du Kansas. Devenu adulte, il doit faire face à son héritage extraterrestre lorsque la planète Terre est menacée par des membres de sa propre race. Doit-il utiliser ses pouvoirs pour les contrer et ainsi sauver l'humanité, ou pour la conquérir ? J'ai trouvé cette interrogation et cette ambiguïté très intéressantes, je n'avais pas su les voir en 2013. Zack Snyder aidé par son producteur Nolan qui a déjà rebooté Batman, parvient grâce à son film à conditionner le destin de la Justice League, car les résultats au box-office ont été décisifs dans la mise en chantier de Batman vs Superman, et au-delà, d'une version DC de la Justice League regroupant tous ses super-héros comme l'a fait Marvel avec Avengers. Le processus pour y retrouver aussi Wonder Woman, Green Lantern, Flash et Aquaman, sera sans doute long, surtout que DC ne va pas aussi vite que Marvel, mais à l'arrivée ça risque de pas mal décoiffer.
Le réalisateur de 300 semble un peu hésitant par endroits, mais c'est une relecture assez digne ; les raccourcis scénaristiques de ce reboot de Superman ne m'ont pas spécialement gêné, je reprocherais plus une séquence de début un peu trop longue, mais en même temps, il fallait décrire avec soin l'univers de Krypton et le rôle de Jor-El, bien rendu par un sobre Russell Crowe... de même que Snyder sacrifie au besoin de livrer des séquences bien bourrin, je déplore un peu la dernière partie du film remplie d'affrontements certes spectaculaires, mais avec trop de bastons à outrance et trop de dégâts, à tel point qu'on se croirait dans les Transformers... Sinon, le film redonne une crédibilité à ce super-héros qui n'avait pas tout à fait convaincu dans Superman returns, épaulé par un casting superbe, avec en tête un Henry Cavill bodybuildé très convaincant.