Michael Shannon, que deviens-tu ?
Le film lui-même se passe de commentaires, il est assez évident qu'il est autant bon que mauvais. Mais ce qui prête à l'étonnement, c'est la présence de Michael Shannon. L'homme de "Take Shelter", quand même. Qui nous incarne un méchant touchant (dans les limites de ce que ce genre permet). Un méchant qui parle entre ses dents sans gueuler, qui retient dans ses veines temporales la tension d'un univers à la dérive. Un vrai OVNI du film, et quelque part une de ses qualités autant que son talon d'Achille. Je ne comprends pas comment il s'est retrouvé là, mais quelque part tant mieux.
Notez, on aurait pu avoir un chef d'oeuvre si ce méchant Zod avait tout simplement moins de rigidité mentale. Imaginez : Superman lui parle et lui dit "je comprends ta colère, ton désarroi, toi qui était conçu pour sauvegarder le peuple d'El, et qui se retrouve aujourd'hui orphelin de tout un monde. Mais ne vois-tu pas, Zod, cette occasion pour toi d'aller au-delà de ta finitude, d'embrasser une liberté inespérée à ta conception ?"
Et Zod le regarderait (mode "regard de Michael Shannon" *ON*) en dirait lentement, se relevant sur un genou au milieu d'une ville à moitié anéantie "tu as raison, Kal-El, tu as raison. Ce qui est mort est mort et ni ma rage ni mon désespoir (ah!) ne pourront le faire revivre. Je suis un général que diable, la vengeance serait indigne de moi. Bien que cela me plong dans un océan de souffrance auquel je n'ai jamais été préparé, je m'en remet à toi, va, prends mon âme et dis lui quoi faire, pour qu'au lieu de n'être rien, soit quelque chose qui honore la mémoire de nos chers disparus".
Boum, là on aurait un film. Revirement total de la politique planétaire : plus d'ennemi surpuissant. Plus besoin de héros : ce dernier redevient un agent politique et social comme un autre, qui doit justifier son autorité en permanence. Réinventer une éthique, imaginer une société nouvelle. Ah.