Le 'steel' Zack Snyder s'embarasse d'un Superman mystérieux. Divertissement popcorn trop léger...

« Man of Steel ».
De quel ‘steel’ de film s’agit-il ?, héhé…
S’agit-il d’un film de super-héros conventionnel ? S’agit-il d’un film pour ados dans lequel la destruction massive de la Terre l’emporte ? Ou bien s’agit-il d’un pur produit commercial made in Hollywood qui permet de sauver les meubles grâce à une relecture fébrile mais consistante d’un « Superrman » sans doute moderne car astucieusement remis au goût du jour avec des résonnances écologiques sur lesquelles « Man of steel » repose (paix, liberté individuelle, droit au travail…) ?


Eh bien, « Man of steel », c’est un peu tout ça à la fois.
C’est tout d’abord emballant grâce à une scène d’intro bougrement et bigrement époustouflante grâce à l’apparition d’un Russell Crowe (reprenant, au passage, l’insignifiant rôle de Marlon Brando qui a fait de lui la risée de « Superman » en son temps à cause du salaire mirobolant qu’il demandait pour les quelques secondes passées devant la caméra), bouffi au possible mais totalement prestigieux en père de Superman -par rapport au Père Marlon !- et dont le personnage, en plus étoffé, nous apporte quelques précisions sur la planète Krypton, et ses apparitions sont toutes plus appréciables les unes que les autres. Donc voilà, en premier, c’est emballant et revigorant grâce à cette scène d’intro où le baraqué Russell Crowe (« L.A. confidential », « Révélations », « American gangster », « Enragé »…) s’impose tout comme la narration nous explique les soubresauts de l’histoire à venir, histoire que l’on connaît tous plus ou moins lorsque l’on déniche un DVD ou un Blu-ray de super-héros dans sa bibliothèque. Est-ce la fin du monde ? Oui, mais non.


Ensuite, l’arrivage sur Terre de l’ado Superman est remarqué et toute cette première partie, fortement développée, permet de nous maintenir dans le cocon que nous a préparé le réalisateur Zack Snyder. Que ce soit sur les aspirations de Clark à vouloir sauver le bus scolaire, savoir d’où il vient, qui sont ses vrais parents… toutes ces questions existentielles qu’ont les ados d’hier et d’aujourd’hui, le tout capté par le toujours très bon Kevin Costner (« Les incorruptibles », « JFK », « Un monde parfait », « Waterworld »…) avec son regard bleu incandescent en père de substitution du futur Superman.
En ce sens, le metteur en scène du péplum « 300 » pose les jalons d’une chronique lycéenne pas comme les autres. L’on sort ainsi des sentiers battus, et l’on se rapproche davantage de la série « Smalville » que de la version mitonnée par le regretté Richard Donner. Le duo Diane Lane (révélée grâce à Coppola, elle a ensuite joué avec Wesley Snipes, Kevin Spacey…)-Costner capte ainsi les premiers émois de Superman campé par le jeune Dylan Sprayberry (vu dans la série « Teenwolf »).


Et avec ce nouveau vent de fraîcheur, Zack Snyder promettait un méchant d’envergure, d’anthologie grâce à la séquence d’ouverture de « Man of steel » avec un Michael Shannon qui promettait l’affrontement espéré.
Il n’en est rien, la dernière partie s’essouffle à grands renforts d’effets spéciaux CGI surutilisés et de décors numériques à fond vert à souhait qui ne font que renforcer cette idée d’une mise en scène délaissée et rabougrie, d’effets spéciaux carlingués à tout bout de champ rappelant à point nommé les fulgurances d’un Roland Emmerich à son sommet (à côté, « Indépendance day » fait figure de grand classique du cinéma), et surtout ne mettant pas en valeur le duel d’acteur promis : Henri Cavill (« Laguna », la série « Les Tudors », « Mission impossible 6 ») alias Superman a le charisme d’une moule et Michael Shannon (« Pearl harbor », « Les noces rebelles », la série « Boardwalk empire »), même s’il fait la grimace, n’est arrivé à s’imposer que face à Russell Crowe ‘le gladiateur’ pour la scène d’intro, pour le reste, son jeu se limite à faire les gros yeux, mais qu’importe car son interprétation reste toujours condescendante et imperméable. Pour la confrontation entre le gentil et le méchant, préférons l’affrontement Christopher Reeve-Gene Hackman à fortiori assurément ! Eux, au moins, ils arrivaient à s’imposer sans jouer les beaux gosses (avec la barbe au tout début du film pour Henri Cavill pour faire ‘jeun’ et moderne -ça m’énerve, au passage, de rajouter la barbe à chaque héros au tout début d’un film : ou il la porte à la ville comme à l’écran comme les De Niro, Vincent Cassel, Reno, Tchéky Karyo, Cornillac… ou il ne la porte pas) ni surjouer.
A propos, niveau casting, on peut remarquer, au générique, la présence incongrue de Harry Lennix (célèbre pour avoir joué aux côtés de Schwarzenegger sur « Dommage collateral » mais surtout avec Keanu Reeves pour la trilogie « Matrix ») et Laurence Fishburne (qui traine sa carcasse de « Apocalypse now », à « Contagion » en passant par « La couleur pourpre », « Mystic river »…).


De plus, en dépit d’une mise en scène totalement à côté de la plaque, ce duel de fin interminable avec des effets spéciaux à foison et sans réel intérêt scénaristique, l’atmosphère rendue par ce duel (qui n’en est finalement pas un) ne colle pas avec l’idée de duel.
Pour comprendre ce que je viens de dire, prenons un exemple simple : « Les dents de la mer ». On ne voit le requin que dix minutes sur deux heures, le lieu du duel est l’océan sur lequel Steven Spielberg nous a vraiment embarqué grâce à sa caméra certes virevoltante mais qui capte la tension de cet océan de silence et de torpeur : une atmosphère de peur et un duel de titan nous est ainsi renvoyé. Un climat de peur et de nervosité nous est servi dans cet océan de torpeur.
Donc, avec « Man of steel », ok pour le spectacle (ces fameux effets spéciaux qui font vraiment ‘too much’) si utilisés à bon escient avec les moyens mis derrière pour nous mettre dans une atmosphère de nervosité et de peur. Ici, nada, pas de photographie léchée, pas de réalisation, juste inadéquation entre cinéma pop-corn et réflexion d’un jour (valeur de l’humanité, destruction massive de la planète, écologie). Un blockbuster d’une énergie trop démente à mon goût et qui ne colle pas avec le vent de fraîcheur de la première partie. Tout simplement.


Le réalisateur de « L’armée des morts » qui ouvre à Snyder les portes d’Hollywood s’entremêle ainsi les pinceaux, tire sur les grosses ficelles et en oublie le principal : le scénario. Cousu de fil blanc (pourtant par les auteurs de la dernière trilogie ‘Batman’ : David S. Goyer et Christopher Nolan !) car l’artisan du péplum moderne s’appuie sur une relecture à peine astucieuse du mythe Superman, celui de la surenchère et du cinéma pop-corn au détriment d’un cinéma sérieux et classe qu’avait mitonné un certain Richard Donner avec l’hymne sonore inoubliable williamsien sur lequel Christopher Reeve avait surfé.
Des ressemblances oui, mais mister Zack casse une forteresse et un mythe imprenable, celui qu’il a pourtant essayé de ré-évaluer, pourtant accompagné du music-maker Hans Zimmer (le pourtant oscarisé du « Roi lion » !) qui, lui aussi, rate aussi sa cible, tout comme l’a fait son comparse Ludwig Göransson (les deux volets de « Creed » et la série « The mandalorian » sont à son crédit) sur le dernier Nolan, « Tenet ».


Pour conclure, « Man of Steel »(2013), sonnant le soixante quinzième anniversaire de Superman, n’est clairement pas une réussite totale en termes de science-fiction et se fait le porte-drapeau du film de super-héros pour ados par excellence où seuls les effets spéciaux se suffisent à eux-mêmes. C’est peut-être le ‘steel’ d’aujourd’hui, mais c’est franchement dommage de la part du réalisateur de « Justice league » de s’être penché un tantinet sur le sujet… !


Pour les purs fans de Superman uniquement. Les autres, passez votre chemin.
Spectateurs encore ados, connaissez vous vraiment le ‘steel’ kryptonien ?

brunodinah
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le 22 mars 2022

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