Un reboot impressionnant mais avec des problèmes de casting et d’écriture

Dire que j’ai découvert l’existence d’un super-héros nommé Superman avec ce film serait ridicule tant il fait partie intégrante de la culture populaire, mais c’était surtout des a priori que j’avais à son égard et c’est réellement avec ce film que j’ai commencé à l’appréhender véritablement sur tout un long-métrage. Ça tombait plutôt bien vu que c’est aussi le point de départ d’une nouvelle saga DC dans une tentative de contrer le Marvel Cinematic Universe enclenché 5 ans auparavant avec le succès qu’on lui connaît. Aborder pour la première fois un personnage aussi populaire et une toute nouvelle saga avec une telle ambition, l’enjeu est plutôt d’importance pour ce Man of Steel.

Je dois dire que les premières minutes m’ont mis dans d’excellentes conditions avec une entrée en matière sur Krypton absolument incroyable, peut-être un peu trop rushée pour bien tout comprendre vu l’importance de l’événement mais terriblement spectaculaire visuellement avec ce mélange de vie animale exotique et de haute technologie futuriste, réservant ses émotions fortes également malgré le peu de temps pour s’y attacher... La disparition de Krypton s’accompagne de thématiques fortes comme la préservation de l’environnement face à l’expansion économique à tout prix, le libre-arbitre face à la rationalité... tout en renvoyant explicitement à notre situation, ça sonne presque comme un bon petit film de science-fiction.

En dehors du « je le retrouverai ! » un peu nanard de Zod qu’il gueule à répétition (VF ou VO), il n’y a rien à jeter dans cette introduction qui ouvre superbement le film. Zack Snyder confirme ses talents de mise en scène lors de scènes d’action parfaitement splendides tant dans leur réalisation, leur durée, leur musique... tout en étant assez nombreuses et vu leur qualité je suis assez admiratif et c’est sans doute un des points que j’ai le plus aimé de ce film qui se vend quand même pas mal là-dessus en tant que blockbuster d’été.

Et qui se vend aussi comme l’ouverture d’un ensemble de films DC et sur ce point il évite l’écueil de multiplier excessivement ses intrigues et ses personnages, on est focalisé sur Superman, ses origines extra-terrestres, la quête qui va le faire connaître du grand public, l’étendue de ses pouvoirs et leurs limites, ses relations personnelles les plus fortes... Ça ne se termine pas sur un cliffhanger à deux balles et ça distille tout de même quelques clins d’œil à l’univers comme un petit Lexcorp inscrit sur un camion.

Le ton sombre de l’intrigue qui apparemment tranche pas mal par rapport aux anciens films Superman ne m’a pas dérangé du coup en tant que néophyte. D’autant que c’est sombre dans le fond tout en étant assez léger sur la forme, les morts ne sont jamais bien brutales, il y a quelques vannes qui font mouche sans désamorcer de scènes plus sérieuses... Certains y voient un film qui n’arrive à pencher vraiment ni vers l’un, ni vers l’autre mais c’est pas mon cas très franchement. Pour le reste je suis malheureusement plus mitigé.

Les références bibliques ne me dérangent pas plus que ça comme certains ont pu s’en offenser, je les vois bien et elles sont peut-être un peu trop appuyées mais ce n’est pas ça le problème pour moi. Ce qui me dérange c’est le héros qui en découle un peu trop « aides ton prochain » et « tends l’autre joue. » J’ai du mal à trouver un tel protagoniste charismatique, or ça c’est problématique pour un film de super-héros et la prestation de Henry Cavill n’y change pas grand chose mais ça vaut en fait aussi pour les autres personnages principaux.

Au niveau du casting, je retiendrai surtout des rôles secondaires comme Russel Crowne pour Jor-El ou Antje Traue pour Faora-Ul que j’ai trouvé nettement plus intéressants. Cette dernière est pour moi beaucoup plus charismatique et crève bien plus l’écran en tant qu’antagoniste que Michael Shannon dans son rôle de Zod qui profite pourtant de bien plus de répliques et d’importance dans le scénario. C’est la même chose pour Jor-El qui a plus d’importance dans son impact sur le récit mais qui a peu de temps de présence.

Si j’apprécie beaucoup les rôles secondaires, c’est un point positif qui est quand même sérieusement contre-balancé par mon manque d’enthousiasme sur les acteurs et rôles principaux qui contrairement aux autres entendent rester un moment à l’affiche dans les films DC à venir, à commencer par Batman V Superman. Ils ne sont pas non plus mauvais on est bien d’accord mais c’est tout de même pas génial de ce côté-là à mon sens et ça handicap pas mal les débuts de ce DCU.

Quelques grosses maladresses d’écriture se font sentir par moment et j’ai bien du mal à croire que Nolan travaillait au scénario sur certaines scènes, Jonathan Kent qui sous-entend qu’il aurait mieux valu laissé mourir une dizaine de gosses que d’exposer le secret de son fils pour montrer sa crainte à ce sujet c’était peut-être pas la meilleure des manières. Par contre, la narration par flashbacks dans le désordre le plus complet ne m’a pas dérangé puisque le flashback en question arrive souvent avec sens et parfois même avec une transition stylée.

En somme, je ne déteste absolument pas ce Man of Steel auquel je reconnais même pas mal de qualités que j’ai bien apprécié mais il reste trop de choses qui ne me vont pas pour que je puisse le trouver vraiment convaincant en tant que film me faisant découvrir Superman ou la nouvelle saga cinématographique DC, et ça ne va malheureusement pas forcément aller en s’arrangeant dans cette saga par ailleurs.