J'aime pas les gendres idéaux!
Si le film, à l'instar d'un certain "Prometheus", a suscité un trop plein d'attentes messianiques à travers des teasers et autres bandes-annonces laissant entrevoir un métrage spirituel et mystique, le résultat s'apparente à un blockbuster à la mécanique toute hollywoodienne qui a malgré tout le mérite de secouer le cocotier! Le problème avec Superman c'est qu'il n'a jamais été foncièrement intéressant pour les non-Américains, un personnage au sourire et au brushing impeccable corrigeant les malfaiteurs et ayant pour Némésis un milliardaire du Mal chauve et clownesque, lui même affublé d'une équipe digne des mauvais lutins de l'univers de Oui-Oui. C'est que l'homme d'acier a soufflé ses 80 bougies l'an dernier et la Marvel a depuis inondé les esprits de super-héros bien plus torturés, modernes et spectaculaires, DC faisant partie davantage du patrimoine US que d'une source de fascination littéraire!
Le film tente donc de moderniser un vieux pot, le neurasthénique Singer s'y étant cassé les dents auparavant avec son insipide adaptation refusant de casser l'image du héros. Il faudrait en fait remonter à Donner afin de trouver un métrage qui avait su pour l'époque trouver l'équilibre entre merveilleux, mièvrerie et kitch assumé, un cocktail impensable aujourd'hui.
Le film débute donc sur Krypton où l'eugénisme et la cupidité technologique ont broyé les consciences et provoqué des conflits politiques (Zod en étant l'exemple flagrant), un peu de "Dune", un zeste de "Chroniques de Riddick", la machine est lancée.
La suite est plus maladroite avec ses flash-back hasardeux pas toujours bien intégrés et essayant de décrire trente-trois ans de la vie du personnage en une heure, les séquences forcément marquantes et spectaculaires s'enchaînent donc à un rythme effréné, suscitant l'éveil émotionnel de Kal-El ainsi qu'un parcours initiatique brièvement abordé. Le cheminement et les contradictions, la place au sein de sa société d'adoption, la culture, la maîtrise et la quête d'identité étant au centre de moult péripéties dont la mort inepte d'un protagoniste à la crétinerie pompée sur "ID4"! On passera également sur les ridicules apparitions virtuelles du héros de "Gladiator" tirant le métrage vers le bas ainsi que sur certaines incohérences scénaristiques (ou raccourcis, c'est selon).
En guise de final, Snyder nous offre du très lourd, bastons homériques, destructions massives et autres séquences fulgurantes (un poil long tout de même!) où celui-ci venge trente-cinq années d'adaptations peu glorieuses envers les capacités du bonhomme. Cavill est ici un titan à la force colossale et aux actions dévastatrices, et non un objet de moquerie polie ou de gendre idéal, un peu badass à l'image de cette guerrière kryptonnienne incarnée par Antje Traue. Eh oui, finie la Krypton pacifique au look immaculé, place à une peuplade de colonialistes et d'usurpateurs, tout comme l'halluciné Michael Shannon atomisant sans peine le ridicule et kitchissime Terence Stamp dans le rôle du méchant.
Superman est enfin devenu un guerrier, la résurrection même si elle est plus bancale que celle de son confrère de Gotham est généreuse et laisse augurer d'un avenir cinématographique prometteur, DC a presque eu son "Avengers"
